Fred Merz
On pourrait titrer cette exposition : C’est en effet d’abord une atmosphère d’une rare intensité qui nous captive et nous amène droit vers le sujet… Plutôt que des images simplement chocs, c’est un traitement de l’image très personnel et particulièrement soigné qu’a choisi ce photographe genevois pour nous sensibiliser à la condition des « Catadores » qui inlassablement, trient et retraitent les déchets dans la plus grande décharge à ciel ouvert d’Amérique du Sud : Jardim Gramacho, à deux pas de Rio.
La lumière incroyable, le traitement très sophistiqué de la couleur et parfois un vignetage choisi font de ces grands formats carrés des fenêtres ouvertes sur la condition humaine. Elles nous happent immanquablement là où des tons vifs et des flous d’action nous auraient peut-être fait détourner le regard ou ignorer un énième reportage classique. On retrouve ici tout l’art du grand portraitiste qu’est MERZ.
Déjà fort justement récompensé pour cette série (premier prix de la catégorie « free » au Swiss Photo Award – ewz 2011), Fred MERZ est aujourd’hui un acteur majeur de la photographie suisse, membre de l’agence Genevoise Rezo.ch depuis 2001. Il va faire son métier avec talent lors du festival photo de Gex : vous captiver… et vous informer.
Fred Merz s’est distingué à de multiples occasions lors d’expositions personnelles et collectives depuis 1997 et a également collaboré à de nombreux ouvrages. Il est lauréat de plusieurs Swiss Press Award dont le premier prix de la catégorie « free » pour sa série sur les « Catadores »; il a été lauréat du prix de la photographie au Grand Prix Roman de la Création en 2010 et a été lauréat en 2011 du prix international Ringier Photo Award.
Les 10 questions « Conf’ » à Fred Merz
Qu’aimeriez-vous nous dire pour vous présenter en quelques mots ?
Fred Merz, 33 ans, franco-suisse, j’habite et travaille à Genève.
Photographe indépendant depuis 10 ans, membre de l’agence genevoise Rezo.ch depuis le début de sa création en 2001. En parallèle à mon travail de photographe de presse pour les médias nationaux et internationaux, j’effectue mes travaux personnels autour du portrait, comme avec la série des propriétaires de chiens dangereux ou celle des « Catadores » de Rio de Janeiro au Brésil.
J’essaye toujours de mettre en relation les gens que je photographie avec une thématique d’actualité.
Quel est votre parcours photographique ?
Formation à l’Ecole de Photographie de Vevey en Suisse. (1998-2001)
Titulaire du CFC de photographe et du diplôme artistique de l’Ecole de Photographie.
Rédacteur photo pour le journal « Le Temps », Magazine « Edelweiss ».
Membre de l’agence Rezo.ch (2001).
Pour vous qu’est-ce qu’une bonne photo ?
C’est une image qui transmet une émotion, un sentiment, qui touche sans que l’on comprenne pourquoi et qui pousse à s’interroger sur ce que l’on voit.
Comment naissent vos photos (prise de vue, traitement, impression) ?
A l’inverse du peintre ou de l’écrivain qui partirait d’une feuille blanche, j’élabore mes images sur la base d’un carton noir en y insérant des points de lumière sur ce que je souhaite mettre en valeur. Garder de forts contrastes, j’affectionne le côté ombre et lumière. Je revendique un regard esthétique sur le monde que je photographie, un monde que je mets en scène grâce à des éclairages pondérés, proche de compositions cinématographiques.
Qu’est-ce qui les inspire ?
Le challenge de tous les jours, le besoin de se différencier, de me questionner sur comment, aujourd’hui, en tant que photographe, quelle image puis-je encore fournir aux médias.
Comment surprendre le lecteur lorsque je suis amené à traiter des sujets sur-photographiés ou à photographier des personnalités sur-médiatisées.
Quels sont les photographes que vous admirez ?
Gregory Crewdson, Platon, Andreas Gursky, Richard Avedon.
Quelle photo aimeriez-vous réaliser ?
J’essaie de relier mes intérêts personnels avec l’actualité, donc c’est plutôt imprévisible.
Mes différents voyages au Brésil m’ont permis de donner un élan à mes projets personnels. Je compte y retourner pour poursuivre des collaborations locales.
Quels sont vos projets actuels ?
En parallèle à mon travail de photographe de presse, je viens de terminer cette série sur les « Catadores » de Jardim Gramacho réalisée dans la zone nord de Rio de Janeiro au Brésil.
J’attaque actuellement la production de la 5ème édition du Guide Genevois, « Le Renard sur la Lune », série de 30 portraits de personnalités genevoises en noir et blanc.
Qu’avez-vous envie de nous montrer lors de la prochaine édition des Confrontations ?
Pour cette édition des Confrontations, je présenterai un mélange d’images que j’effectue depuis fin 2009 dans la plus grande décharge à ciel ouvert d’Amérique du sud, à Rio de Janeiro. Cette série de photographies selectionnées dans un ensemble plus vaste est l’un des volets du travail. J’ai souhaité mettre en lumière ces « Catadores », ces trieurs de matériaux recyclés. Ils sont d’une certaine façon les acteurs masqués des scènes sombres de la pollution. Englouti sous sa charge de récupération de sacs plastiques, le « Catador » disparaît. Son identité ne devient dès lors plus que reconnaissable qu’à la forme de sa récolte.
Pour terminer, que vous évoque l’expression « confrontations photographiques » ?
C’est la confrontation avec les autres qui permet de dévoiler toutes nos facettes.