http://www.landandcolors.com/

Le tchèque Otakar Hevler et le slovaque Marek Potoma sont amis de longue date et cultivent main dans la main l’art de la photographie de nature. Une grande part de leur démarche photographique est en effet commune et s’attache à confronter deux techniques et surtout deux ressentis d’un même sujet : les paysages capricieux de l’Islande.

Otakar travaille ses noirs et blancs en pauses longues. Ses images fascinantes dans la veine d’un Hoflehner ou d’un Kenna qu’il admire, figent les filés vaporeux de ces landes de désert froid. A ses compositions, belles et dramatiques, répondent comme des laves envahissantes les tons chauds et éclatants de Marek. Lui, en coloriste pur, est en quête de l’instant magique où la lumière sublimera l’espace, l’eau, la glace et la flore héroïque sur les pierres désolées.

“One place – Two visions” est un regard croisé sur une terre volcanique, sauvage et nue : un singulier voyage dans l’atmosphère surréaliste ciselée par nos invités d’Europe de l’Est.

Les 10 questions «Conf’» à Otakar Hevler et Marek Potoma

Qu’aimeriez-vous nous dire pour vous présenter en quelques mots ?

O.H.: Je suis né à Prague en 1974 et je me définirais comme un photographe amateur autodidacte. Mes principaux centres d’intérêt en photographie sont les paysages et les portraits de famille. Grâce à la photo de nature, je peux visiter de nouveaux lieux et me détendre ; quant à la photo de famille elle est importante car elle permet de faire vivre nos souvenirs. Avec Marek, nous avons commencé le projet “LandandColors” il y a un an avec pour intention de créer un site web traitant de la photo de paysage, site où nous pourrions partager nos idées sur la photographie en général et sur le fruit de notre passion.

M.P.: Je suis un photographe de paysage de 38 ans, originaire de Slovaquie. Je vis actuellement à Prague en République Tchèque. Ayant grandit dans la magnifique région des Hautes Tatras, j’éprouve une grande passion pour la nature et les activités de plein air que j’apprécie encore plus depuis que j’ai quitté ma région natale pour de bon. Avec Ota, nous animons notre blog « LandandColors » qui permet la confrontation de deux styles que chacun d’entre-nous cultive : la couleur et le noir et blanc.

Quel est votre parcours photographique ?

O.H.: Je me suis remis à la photo en 2000 et le résultat a été horrible ! Alors je suis allé à la bibliothèque de l’université et j’ai emprunté des livres sur la photographie. A partir de ce moment, ce petit loisir s’est non seulement développé pour devenir ma plus grande passion mais aussi mon moyen personnel de me détendre.

M.P.: Le suis « tombé » dans la photo de paysage il y a plus de 10 ans et depuis, je travaille dur pour améliorer mon travail. Je n’ai pas suivi de formation académique sur la photo. Puisque je suis exclusivement centré sur la photo de paysage, je n’ai pas peur de prendre mon temps et je me sens honoré de pouvoir utiliser largement les deux méthodes de capture photographique : argentique et numérique. Dans la plupart des cas, la pellicule argentique répond mieux à mes attentes que le numérique, mais j’ai connu aussi beaucoup de situations où l’utilisation du numérique était indispensable. Récemment, j’ai passé encore plus de temps sur le terrain pour maîtriser un appareil photo « technique ».

Pour vous qu’est-ce qu’une bonne photo ?

O.H.: La bonne photo est celle qui peut susciter des émotions et dont je peux toujours me souvenir même après des années.

M.P.: Toute photo qui me bouscule émotionnellement. Cela peut être un plan large avec une lumière superbe ou dramatique, aussi bien qu’un détail intime du monde naturel qui révèle une manière de voir inédite. J’aime particulièrement quand un paysage est mis en scène par la combinaison d’éléments très graphiques plutôt que simplement reproduit. Et si une telle photographie peut se combiner avec une belle histoire à raconter, je suis juste… extasié.

Comment naissent vos photos (prise de vue, traitement, impression) ?

O.H.: En ce moment j’utilise surtout des films noir et blanc que je développe moi-même. Après cela, je scanne les négatifs et sur mon ordinateur je fais des ajustements de base comme la densité. Pour imprimer, j’utilise une imprimante jet d’encres, mais j’espère toujours trouver du temps pour développer mes photos dans une chambre noire traditionnelle. J’utilise également un appareil numérique, mais moins que par le passé.

M.P.: Comme je l’ai déjà dit j’utilise principalement soit un appareil photo « technique » ou un appareil moyen-format (6×45) chargé avec une pellicule Fuji Velvia. J’adore shooter aux « heures dorées » ou encore mieux, plus tôt que le lever de soleil aussi bien qu’après le crépuscule. Après avoir scanné mes négatifs, je fais quelques retouches sur le contraste et la correction des couleurs sur Photoshop. Je termine le processus par une impression jet d’encres.

Qu’est-ce qui les inspire ?

O.H.: Ma principale source d’inspiration est la nature elle-même, en fait ce que je ressens et comment je le ressens. J’ai trouvé les paysages nordiques particulièrement inspirants pour leur immensité, leur tranquillité et leur simplicité.

M.P.: La photographie me permet d’ouvrir une fenêtre hors de mon quotidien. Elle m’aide à me souvenir et à adorer le passé comme le futur. Elle me permet de rester en phase avec le temps qui passe. Bien que je m’efforce de traduire ce que je ressens par la création d’images, la démarche d’être parfois éloigné de tous est également importante.

Quels sont les photographes que vous admirez ?

O.H.: Il y a beaucoup de photographes dont les travaux m’inspirent mais ceux qui m’ont le plus influencé sont Michael Kenna, Galen Rowell and Sally Mann.

M.P.: Ils sont nombreux et j’essaie régulièrement d’en découvrir de nouveaux. Mais Daryl Benson et Bruce Percy sont peut-être ceux qui m’ont le plus influencé.

Quelle photo aimeriez-vous réaliser ?

O.H.: Pour être honnête, je n’en sais rien. J’ai plusieurs images en tête, et j’espère être capable de les prendre, mais je n’ai pas encore la photo de mes rêves. J’aimerais aller photographier le Groenland, mais sans idée précise.

M.P.: Et bien, nous verrons. Je n’ai aucune photo particulière en tête, mais bien sûr, je suis dans une quête perpétuelle et je ne cesse de rêver de la lumière « qui tue » et que je ne capte malheureusement jamais. Mais je pense que c’est une quête sans fin. Actuellement, réaliser la « photo de rêve » pourrait tuer mon inspiration et ma motivation. A partir de là, je préférerais qu’elle ne naisse jamais.

Quels sont vos projets actuels ?

O.H.: L’unique projet sur lequel nous travaillons ensemble avec Marek dans l’équipe “LandandColors” est l’Islande : « One Place – Two visions » (« Un lieu – deux regards »). Pour ma part je travaille également à un projet sur le lac Léman où j’essaie de capturer l’humeur du lac. Et je n’oublierai pas un projet sur mes montagnes natales que j’ai un peu délaissées ces temps-ci pour me consacrer au lac.

M.P.: Avec Ota, nous avons crée le blog “LandandColors” au travers duquel nous tentons d’exprimer nos impression à propos de la photographie, de notre travail et de celui des autres. Nous aimons explorer un même endroit ensemble et le photographier sous tous les angles avant de confronter les résultats. Pour l’instant nous voyageons en Islande avec le projet « One place – two visions » grâce auquel nous essayons de comparer les images en noir et blanc et en couleur d’un même endroit. En dehors de cela, je travaille à mon projet sur les parcs nationaux slovaques qui a vu le jour il y a deux ans maintenant.

Qu’avez-vous envie de nous montrer lors de la prochaine édition des Confrontations ?

O.H.: “LandandColors” serait une présentation de notre projet islandais : « One place – two visions » grâce auquel nous voudrions montrer nos différentes vue d’un même lieu. J’espère que les visiteurs apprécieront.

M.P.: Nous présenterons au festival les photos d’Islande que nous avons créées jusqu’ici pour le projet “LandandColors”.

Pour terminer, que vous évoque l’expression « confrontations photographiques » ?

O.H.: Plus qu’une “confrontation”, je verrais bien une « rencontre » où des gens de différents pays, de différentes cultures et de différents styles photographiques se réunissent et comparent avec respect et intérêt leur travail et la manière dont ils le réalisent.

M.P.: L’opportunité d’aller à la rencontre de genres et de regards différents en un même lieu. Je suis persuadé que cela peut être une expérience photographique enrichissante.