Agnès Mathieu (Violoncelliste)
Pourriez-vous vous présenter en quelques phrases ?
Je viens d’une famille de quatre enfants où la musique est très présente, mes deux frères sont musiciens amateurs et ma sœur (violon) et moi avons choisi la voie professionnelle. Pour mes parents, l’apprentissage de la musique était très important car il transmet de nombreuses valeurs primordiales (formation artistique, goût de l’effort, persévérance, échange et partage, plaisir de la musique etc…). J’ai commencé ma formation musicale à l’âge de trois ans par le piano, puis j’ai débuté le violoncelle à 8 ans car je voulais faire d’un instrument d’orchestre, voyant ma sœur violoniste prendre plaisir au sein d’ensembles instrumentaux. Par la suite, j’ai aussi étudié l’orgue en parallèle du violoncelle. Après avoir obtenu mes deux prix de violoncelle et d’orgue au Conservatoire de Toulouse en 2011, je me suis spécialisée dans le violoncelle et suis venue étudier à la Haute Ecole de Musique de Genève sur le site de Neuchâtel. J’y passe en cette fin d’année scolaire le Master de pédagogie de violoncelle. L’an prochain je me consacrerai à l’enseignement au sein des écoles de musique du Pays de Gex, sans oublier la pratique à travers le perfectionnement de mon jeu instrumental et les concerts. Il est très important pour moi de transmettre et partager tous les trésors musicaux que j’ai pu recevoir pendant toutes ces années de formation, c’est pourquoi j’accorde une grande importance à l’enseignement. En dehors de la musique, j’aime beaucoup la nature et tout ce qui me permet d’être en contact avec elle : ballades, sport, jardinage… J’aime également beaucoup le bricolage. Dans la famille je suis un peu la « madame photo », car c’est souvent moi qui me charge, à mon plus grand bonheur, d’immortaliser les événements de la vie. Je dispose pour l’instant de peu de connaissances et de matériel dans ce domaine-là, mais par contre j’ai amassé une collection impressionnante de couchers de soleils pris depuis la fenêtre de ma chambre chez mes parents !
Nous vous avons demandé d’intervenir afin d’accompagner le photographe Cédric Delsaux lors d’une lecture qu’il souhaite réaliser devant ses images. Que vous évoque le mélange entre la musique et la photographie et plus largement entre les arts ?
La musique et la photographie se fécondent l’une l’autre si je puis dire, pour offrir au spectateur une œuvre complète mêlant image et son. L’image apporte un éclairage à la pièce musicale, en propose une interprétation que les artistes soumettent au spectateur. Dans l’autre sens, la musique apporte à la photographie une vie temporelle momentanée et unique, en ce sens que la photo est un instant figé dans le temps, et la musique permet de lui donner un support en évolution continuelle. Si l’une et l’autre sont bien choisies, on assiste à l’émergence d’une nouvelle œuvre qui vit de la mise en lumière de l’une par l’autre. Plus généralement, le mélange entre les arts permet de nuancer le message que les artistes veulent faire passer en livrant diverses lectures d’une même œuvre suivant la façon dont elle est accompagnée par une autre forme d’Art. Par ailleurs, ce mélange peut permettre à certains spectateurs de s’ouvrir à des formes d’Art dont ils n’ont pas l’habitude.
Que vous évoque l’idée de Confrontations dans le monde de l’art ?
Je vois l’idée de confrontation sous deux angles : celui de la mise en regard, la mise en perspective, et celui d’un rapport plus conflictuel, lié au jugement. Les deux sont intéressants et méritent d’être pris dans un sens constructif. Le premier serait une comparaison objective dans laquelle les protagonistes se mettent en rapport avec leurs pairs afin de s’ouvrir et de s’enrichir au contact d’autres visions, essayant de comprendre la démarche de l’autre. C’est une confrontation pacifique qui montre la richesse de l’Art et l’étendue des possibilités qu’il offre. Le deuxième est plus rattaché au jugement de valeur dans lequel chaque individu veut convaincre envers et contre tout. Il montre combien les points de vue peuvent être différents et à quel point l’Homme a besoin de plaire ou du moins d’être compris, au prix de conflits. Ce type de confrontation mène l’artiste à montrer des facettes de sa personnalité dont on n’aurait pas connaissance sinon, et à ce titre, cela peut fournir un autre éclairage à son œuvre. Quoi qu’on en dise, le conflit fait partie de l’Homme, et un Art dépourvu de conflit (intérieur ou extérieur), serait bien appauvri ! Dans tous les cas, je vois dans l’idée de confrontation l’artiste qui a le courage d’exposer son œuvre aux yeux de tous dans une sorte de mise à nu dont, je l’espère, il sortira grandi.