Les Triangles Invisibles

À l'occasion de l'édition 2016 des Confrontations Photo de Gex...

Le triangle est la seule forme géométrique élémentaire quasi inexistante de toute l’histoire de la photographie. Gérald Vidamment, rédacteur en chef du magazine Compétences Photo et initiateur du projet, invite les artistes photographes, entre autres Julie de Waroquier et Laurent Lavergne, mais aussi le public à échanger, expérimenter ensemble et à promouvoir ce concept. Un mixage neuronale comme il y en a peu et que le festival soutient !

Julie de Waroquier
La série « Habiter » questionne les rapports entre l’homme et son environnement le plus proche : son habitat. Si nous vivons entre des murs, ils nous habitent en retour et nous construisent. L’auteur a ainsi photographié cette interaction, à travers des autoportraits dans lequel le corps joue avec les lignes et lumières de l’appartement. Il semble chercher sa place dans un nouvel espace, en quête de stabilité. Le format triangulaire alors a pour but d’accompagner cette progression : d’abord étriqués et déséquilibrés, les triangles se redressent peu à peu pour devenir bien stables et réguliers, à mesure que le personnage s’approprie les lieux.

juliedewaroquier_habiter03

Laurent Lavergne
Lorsque que le corps féminin, tel une matière brute, devient prétexte à jouer avec les lignes et les courbes, c’est une vision de la féminité pleine de pudeur que nous propose ici Laurent Lavergne avec sa série « Intimité, étude n°3 ». La beauté de ces formes abstraites, qui se dessinent alors, nous entraîne vers un monde poétique à la géométrie presque immatérielle.
En s’attachant aux détails, ces petites singularités à la fois familières, et qui pourtant font que chacun de nous est unique, le photographe nous livre une vision fragmentée, et pourtant évocatrice. Ainsi, tel un puzzle, le corps tout d’abord suggéré, se dévoile quelque peu, au fur et à mesure de la série. Il nous dépeint une femme à la fois complexe mais aussi fragile, comme de la porcelaine.

laurentlavergne_intimite03

Questions à Gérald Vidamment
Tu aimes dénicher de nouveaux talents, tisser des liens photographiques… Te voici aujourd’hui animant le projet des Triangles Invisibles. D’où vient cette idée ?

J’ai toujours eu cette envie de voir naître les nouveaux talents. J’ai commencé il y a vingt ans à promouvoir les artistes dans le domaine du café-théâtre et du théâtre d’humour, puis de la musique avec la « nouvelle scène française » et enfin, depuis dix ans, dans la photographie.
L’idée des Triangles Invisibles vient cette fois de l’envie d’encourager puis d’accompagner les photographes à expérimenter le format triangulaire. Le triangle est en effet la seule forme géométrique élémentaire quasi inexistante de toute l’histoire de la photographie. Un constat simple que j’ai fait et qui pose une question essentielle : quelle place souhaite-t-on désormais donner au format triangulaire en photographie ? De cette interrogation est né en mars
2016 le courant photographique Les Triangles Invisibles.

Quels sont les objectifs du projet ?
Le premier objectif de ce courant est de fédérer les photographes français et étrangers autour de cette idée afin d’échanger, d’expéri-menter ensemble et de promouvoir les travaux déjà réalisés dans ce format et ceux à venir. Les Triangles Invisibles souhaite également avancer en collaboration avec tous les acteurs du secteur de la photographie : tireurs d’art, laboratoires, encadreurs, imprimeurs, éditeurs, galeristes, directeurs de festivals, iconographes, archivistes, scénographes, écoles photo et fabricants. Une plateforme de diffusion a également été mise en place pour présenter au fil du temps les contenus (textes, images, réflexions et ateliers) se rapportant au format triangulaire.

Pour encourager et développer la production de séries photographiques au format triangulaire, Les Triangles Invisibles se donne enfin pour objectif l’organisation d’expositions collectives, en collaboration avec des galeries, festivals et institutions culturelles. Le cas échéant, ces événements donneront lieu à la mise en place d’installations originales.

Qui participe au projet des Triangles Invisibles ?
J’ai cofondé ce courant photographique avec les photographes Julie de Waroquier et Julie Poncet. Une douzaine de photographes sont aujourd’hui suivis et accompagnés par Les Triangles Invisibles. Pour certains, des expositions ont déjà eu lieu en France : Salon de la Photo à Paris, Rendez-Vous image à Strasbourg et la Coupe de France de Photographie à Issy-les-Moulineaux. D’autres événements sont d’ores et déjà programmés pour septembre et octobre, dont les Confrontations Photo de Gex qui ont suivi l’initiative depuis sa genèse. À cette occasion, les séries « Habiter » de Julie et de Waroquier et « Intimité, étude n°3 » de Laurent Lavergne seront exposées pour la première fois.