Marie Magnin

Marie Magnin

Copyright © 2016 – Sylvia Borel

Lorsqu’elle explique sa démarche photographique, son regard change radicalement, devient plus intense, plus grave, peut-être plus sombre. Marie Magnin n’envisage pas le métier de photojournaliste autrement que dans la durée, impliquée, « au plus près ». Par cette approche, ses images aux noirs très denses et aux compositions méticuleuses, deviennent les traces d’une libre déambulation au cœur même des foules qu’elle pénètre. Loin du simple constat frontal, les photographies que Marie propose sont des plans serrés, des portraits francs, des tranches de vie. L’humain est au centre de son propos, l’empathie son moteur et sa force.

Comme Fred Merz, que nous avions reçu en 2012, et qui réussissait à se fondre parmi les Catadores brésiliens malgré ses presque deux mètres, Marie ne semble jamais paraitre anachronique au milieu des religieux recueillis devant le Bataclan, des migrants rencontrés dans les squats parisiens ou la jungle calaisienne. Ce sont ces derniers et plus largement la condition des hommes et femmes pris dans la tourmente des exodes contemporains qu’elle a choisi de nous présenter aux Confrontations Photo.

Vidéo : Mettre une autre réalité sur les images télévisées des réfugiés | Marie Magnin | TEDxVaugirardRoad

Copyright © 2016 – Marie Magnin
http://www.mariemagnin.com

Les 10 questions Conf' à Marie Magnin

1

Qu’aimeriez-vous nous dire pour vous présenter en quelques mots ?

Je laisse cette question en suspens depuis un moment… et je ne sais toujours pas comment me présenter. Du haut de mon mètre 82, j’essaie d’être une photographe discrète, j’aime qu’on oublie ma présence. C’est un exercice étrange et passionnant : se faire oublier tout en étant proche pour être au plus près des sensations.

2

Quel est votre parcours photographique ?

J’ai commencé mon métier en tant que journaliste reporter d’images, après avoir fait une école de journalisme. Pendant une quinzaine d’années, j’ai travaillé pour la télévision, toujours dans le reportage. Sur le terrain, en montage, j’ai travaillé l’image sous plusieurs formes pour comprendre que la photographie était la manière la plus naturelle et fluide de m’exprimer. J’ai été formée à l’école Gobelins.

3

Pour vous qu’est-ce qu’une bonne photo ?

Une bonne photo, c’est celle qui ne laisse pas place au doute. Dans l’éditing, c’est celle sur laquelle jamais on ne revient. Parce qu’on sait qu’elle est forte. La photo, c’est organique. La pulsation du cœur, la respiration. Une bonne photo, à mon sens, est une photo qui provoque une émotion, qui fait réfléchir, qui suscite une discussion.

4

Comment naissent vos photos (prise de vue, traitement, impression) ?

Mes photos naissent d’un besoin de m’exprimer sur un sujet. Ensuite, j’essaie de suivre mon instinct, tout en gardant mon fil conducteur.
J’accorde beaucoup d’importance au développement de mes images. Une photo est bonne intrinsèquement ou ne l’est pas. Dans ce dernier cas, aucun développement ne fera de miracle.
Par contre, développer une bonne photo, c’est finir de lui donner vie. C’est la voir se révéler pleinement. J’aime beaucoup cet instant du travail.

5

Qu’est-ce qui les inspire ?

L’humain. L’inhumain aussi. La révolte. L’amour. La vie.

6

Quels sont les photographes que vous admirez ?

Mary Ellen Mark, James Nachtwey. Celles et ceux, connus ou non, qui travaillent tous les jours avec passion, parfois au péril de leur vie pour sortir des photos nécessaires. Les photographes de presse qui se battent pour que ce métier continue d’exister.

7

Quelle photo aimeriez-vous réaliser ?

Je ne me pose pas la question en ces termes. Ce qui m’anime, ce n’est pas la photo que j’aimerais réaliser, mais le sujet sur lequel j’aimerais travailler. Et puis ensuite, la photo vient. Si je me sens au bon endroit, alors, c’est cette photo là que je vais avoir envie de réaliser.

8

Quels sont vos projets actuels ?

Du reportage. Pas forcément loin. Pas loin d’ailleurs pour le prochain. A suivre.
Du reportage qui devrait m’emmener à la rencontre de destins chamboulés, de combats, d’existences insoupçonnées.

9

Qu’avez-vous envie de nous montrer lors de la prochaine édition des Confrontations ?

Ces derniers mois, j’ai travaillé sur différents projets dans le quotidien des migrants. Un travail au long cours. L’exposer aux Confrontations, c’est une manière de lui mettre un point… pour l’instant.

10

Pour terminer, que vous évoque l’expression « confrontations photographiques » ?

Confrontations photographiques… confrontations de regards. Deux regards : celui de l’auteur de la photo et celui de son spectateur. Et le regard croisé, c’est-à-dire l’échange qui en découle, la confrontation d’idées, de points de vue.