Patrick Gilliéron Lopreno
La première résidence éphémère des Confrontations Photo 2016 a été confiée à Patrick Gilliéron Lopreno, photographe indépendant genevois, qui revendique une approche argentique et un classicisme inspiré par des maîtres, tels Lartigue ou Depardon. L’espace qui lui est confié à Gex, permettra au public de pénétrer des lieux silencieux souvent à l’écart du monde : celui de quatre monastères suisses où règnent silence, contemplation et prière. Ici des bures semblent flotter sans contact avec le réel, là un frère passe furtif, pensif, affairé. Partout, austérité et spiritualité transpirent dans le grain brumeux de ces images dévoilant le quotidien des hommes qui ont fait vœux d’une existence consacrée à l’unique amour de Dieu…
Etrange et fascinant glissement entre le travail précédent du photographe, consacré aux prisons, et ces lieux inspirés et clos, voués à une libération spirituelle…
Les noir et blanc de Patrick Gilliéron Lopreno seront mis en scène dans un espace volontairement exiguë, celui d’une cellule monacale…
Les 10 questions Conf' à Patrick Gilliéron Lopreno
1 Qu’aimeriez-vous nous dire pour vous présenter en quelques mots ?
Je suis photographe indépendant et je vis à Genève, en Suisse. Je travaille aussi bien pour la presse suisse et étrangère que pour diverses ONG et institutions.
Mes principales influences sont la photographie documentaire et la Street Photography. J’essaye par un certain classicisme (optiques fixes, films argentiques 24×36) de faire perdurer une tradition photographique qui existe depuis des décennies.
Quel est votre parcours photographique ?
Je suis autodidacte mais je photographie depuis toujours. Dès mon adolescence, j’ai passé de nombreuses heures à développer mes photos en laboratoire. Puis j’ai étudié l’histoire et l’histoire des religions à l’université. Après l’obtention de mon Master, je suis parti me former au sein de l’agence de photojournalisme Grazia Neri à Milan. A mon retour, j’ai contacté quelques journaux et ai commencé à collaborer en tant qu’indépendant avec eux.
3Pour vous qu’est-ce qu’une bonne photo ?
Il n’y a pas de recette miracle pour arriver à la bonne photo. Pour moi, une « bonne » photo est une image qui parle d’elle-même, dans laquelle l’émotion prime sur le message et le discours. C’est l’inverse de la photo militante ou de propagande.
Comment naissent vos photos (prises de vue, traitement, impressions) ?
Les sujets s’imposent à moi soudainement. Je lis ou vois quelque chose qui me donne envie d’approfondir un thème. En général, je commence à faire quelques photos, puis je laisse mon sujet de côté. Si le désir perdure avec le temps, cela veut dire que je dois poursuivre. Ma motivation première est ce désir et la volonté de construire un travail abouti et exhaustif. Je travaille en étroite collaboration avec l’atelier Actinic à Genève, lequel s’occupe de la post-production et du tirage de mes images.
Qu’est ce qui les inspire ?
Cela dépend. C’est très varié. Je peux être inspiré par l’actualité, par un film ou encore par une discussion.
Quels sont les photographes que vous admirez ?
Je suis très influencé par quatre photographes : Klavdij Sluban, Jacques Henri Lartigue, Marcel Imsand et Raymond Depardon. Je reviens vers eux régulièrement. Ils m’inspirent et alimentent mon amour de la photographie.
Quelle photo aimeriez-vous réaliser ?
J’aimerais arriver à réaliser la photo qui existe par elle-même, sans texte, sans légende. Une photo qui dégage une énergie folle et transmette une émotion pure.
Quels sont vos projets actuels ?
Je viens de terminer un travail documentaire sous forme d’errance à travers la Suisse périphérique. Je voulais montrer l’envers du décor de la prospérité helvétique. Ce projet est édité sous forme de livre aux éditions Labor & Fides et une exposition aura lieu à la galerie Focale, à Nyon. Le titre de ce projet est : Voyage en Suisse, en référence au film de Roberto Rosselini, Voyage en Italie car le néo-réalisme a beaucoup compté pour moi.
Qu’avez vous envie de nous montrer lors de la prochaine édition des Confrontations ?
Je serais extrêmement heureux et flatté si je pouvais montrer mon nouveau sujet autour de la montagne Sainte Victoire située à Aix-en-Provence. C’est un travail qui traitera de l’urbain et du désertique. Ce sera un sujet en couleur.
Pour terminer, que vous évoque l’expression « confrontations photographiques » ?
A mes yeux, cette expression évoque un face à face avec le public et le partage par l’image de mon expérience et de mon amour de la photographie à travers mon travail exposé à ce festival.