Alain Laboile

Marc Lamey

© Alain Laboile 2018

Je me souviens de Maxime le Forestier expliquant que son temps préféré était le futur antérieur. Citant l’expression « Quelle belle jeunesse on aura eu… », il exprimait alors la certitude du regard heureux qu’il pourrait porter un jour sur cette période comblée. Le futur antérieur permet en effet ce voyage…

http://www.laboile.com/

Les six enfants d’Alain Laboile peuvent à coup sûr utiliser ce temps car indéniablement leur enfance s’écoule sous une douceur collective et bucolique, illustrée et presque documentée, qu’elle est par leur père. Ce qu’il y a de merveilleux avec ce sculpteur et photographe né un certain mois de mai 1968, c’est la générosité avec laquelle il nous ouvre certaines portes de cette intimité qu’il décrit pourtant comme « un peu en marge du monde ». De cet heureux paradoxe, naît un journal photographique prolifique, presque quotidien, surtout sans calcul, qui, s’il ne nous renvoie pas forcément à notre propre enfance parfois citadine, nous donne à coup sûr le goût d’instants légers que nous aurions aimé partager.
Il y a là beaucoup de regards échangés, comme une forme d’auto et d’inter éducation : chaque moment, chaque éphémère ruisseau qu’une ondée a créé, chaque animal rencontré, chaque bourgeon caressé devient sujet d’exploration et de contemplation. Sous un immense centaure de métal ou au bord d’une mare, simplement sur les marches de pierre d’un vieux perron, nous assistons, émus, à ces découvertes, jeux ou siestes qui font l’enfance. On ne peut alors s’empêcher d’envier même cette dispute avec un drôle de chat…
Alain Laboile est un auteur qui nous offre ses images simplement comme on nous inviterait à passer quelques jours à la campagne au milieu des siens : avec tendresse, humour, une réelle beauté de l’instantané, une lumière dont la qualité est bien au-delà du soin, et avec pudeur toujours…

© Alain Laboile 2018

Les 10 questions Conf' à Alain Laboile

1

Qu’aimeriez-vous nous dire pour vous présenter en quelques mots ?

Je suis sculpteur et photographe, père de 6 enfants. Je vis avec ma famille dans la campagne Girondine.

2

Quel est votre parcours photographique ?

Je suis autodidacte et suis tombé accidentellement dans la photographie en acquérant en 2004 un petit appareil photo numérique pour prendre mes sculptures en photo. Féru d’entomologie, j’ai découvert le mode macro. La passion était née.

3Pour vous qu’est-ce qu’une bonne photo ?

Une image qui raconte une histoire, véhicule une émotion sans qu’un texte, une démarche ou une prouesse technique n’aient besoin de venir l’étayer.

4

Comment naissent vos photos (prises de vue, traitement, impressions) ?


Je photographie exclusivement ma propre famille, dans mon environnement proche (maison et jardin) qui constitue une sorte de studio géant. Je n’utilise qu’un seul boitier couplé à un objectif unique. Je photographie l’instant présent sans mise en scène ni séance de pose.
Je photographie en couleur et effectue-moi même ma conversion en noir et blanc. Je procède à une légère retouche pour équilibrer l’image. J’applique un petit réchauffement final sur l’ensemble.

5

Qu’est ce qui les inspire ?


Une grande fratrie évoluant en milieu rural, presque sauvage. Pas de télévision, l’école à la maison pour les plus jeunes, un ruisseau occasionnant de fréquentes inondations, la visite régulière de chevreuils… L’inspiration s’offre à moi quotidiennement, sous de multiples formes.

6

Quels sont les photographes que vous admirez ?


J’ai une culture photographique assez succincte. Je m’intéresse d’ailleurs assez peu à la photographie lui préférant la peinture, la sculpture ou l’architecture.

7

Quelle photo aimeriez-vous réaliser ?


J’ai des projets de séries consignés dans un carnet… pour le futur… éventuellement. Mais mon travail sur La Famille me semble toujours inachevé et je continue à m’y consacrer exclusivement. Je me laisse avec bonheur porter par la vie, par la créativité de mes enfants sans aspiration particulière.

8

Quels sont vos projets actuels ?


Deux nouveaux livres en gestation. Un couleur et un noir et blanc.
J’ai également démarré une série de sculptures mêlant l’univers Leica et mon monde photographique. Une sorte de passerelle entre mes deux domaines de création artistique.

9

Qu’avez vous envie de nous montrer lors de la prochaine édition des Confrontations ?


Une immersion poétique dans notre vie de famille “au bord du monde”.

10

Pour terminer, que vous évoque l’expression « confrontations photographiques » ?


Une célébration de L’éclectisme et du pluralisme.