Amandine Besacier

© Amandine Besacier 2018

En découvrant les réponses aux 10 Questions Conf’ d’Amandine Besacier, on ne s’étonne pas que cette gessienne d’origine qui travaille aujourd’hui entre les Etats-Unis et la France, y fasse largement référence au cinéma, à la culture photographique américaine et pour commencer, aux acteurs majeurs de la New Color Photography.

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Son travail, toujours longuement préparé, soigné dans les moindres détails, est réalisé à la chambre 20×25. Il pourrait être décrit comme une création hybride où des jeunes femmes glamours à la Todd Hido se retrouveraient, dans un parking d’Uncommon Places de Stephen Shore, mises en scène par un certain Gregory Crewdson. Quel cocktail détonnant pour ébrécher un certain rêve américain ! Néanmoins, à la différence de Crewdson, Amandine Besacier utilise souvent les plans serrés pour nous amener dans l’intimité toute relative de ses personnages, au cœur d’histoires en devenir. Ses sujets, toujours féminins, sont fixés dans des situations à la simplicité déconcertante où toute liberté nous est laissée d’imaginer l’origine de la scène et d’en envisager la suite… Sous une lumière particulièrement raffinée, de jeunes femmes isolées nous offrent ainsi un visage fardé, sombre et mystérieux, contrastant avec tout ce que la scène pourrait avoir de pepsi et de glamour. Mais il n’y aura jamais de glamour dans la solitude, quelle qu’en soit la couleur et, comme des adolescentes, ces incarnations californiennes aux inspirations vintages semblent errer entre rêve et réalité, métaphores du passage entre l’enfance et l’âge adulte où se perdent tant d’insouciance et d’illusions…

© Amandine Besacier 2018

Les 10 questions Conf' à Amandine Besacier

1 Qu’aimeriez-vous nous dire pour vous présenter en quelques mots ?

Je vis et travaille entre Paris et Los Angeles.
J’utilise essentiellement du film que cela soit du négatif du positif ou du polaroid, la majeure partie de mes images sont réalisées à la chambre 20×25. J’oriente ma réflexion sur le passage transitoire entre l’adolescence et l’âge adulte.

2

Quel est votre parcours photographique ?

Je m’intéresse à la photographie depuis toute petite, puis après mon Bac et après m’être sentie complètement perdue à la fac je suis rentrée en école de photo où j’ai étudié pendant 3 ans.
Suite à ça j’ai travaillé dans pas mal d’endroits différents, que ce soit en laboratoire, au sein de service photos de magazines en tant qu’iconographe. J’ai aussi travaillé pour une marque de films photos… Tout ça en continuant mes projets personnels à côté et mon activité de freelance.

3

Pour vous qu’est-ce qu’une bonne photo ?

Je ne sais pas trop comment répondre à cette question, je ne suis pas certaine d’être la bonne personne pour le faire. Pour moi une bonne photo c’est quelque chose qui provoque une émotion, qui raconte quelque chose, qui a une intention … Je ne suis pas certaine qu’une technique parfaite définisse une bonne photo. On peut regarder une Image parfaite techniquement et ne rien ressentir du tout et ça pour moi c’est pas une bonne photo.

4

Comment naissent vos photos (prises de vue, traitement, impressions) ?


Dans mon travail je pense que la partie peut être la plus importante, est tout ce qui se passe avant la prise de vue. Tales of Blue Yesterdays c’est une série très mise en scène. Cela demande donc beaucoup de préparation.
Je passe énormément de temps à faire du repérage de lieux, à trouver le stylisme, à choisir le maquillage les coiffures etc … Je passe également beaucoup de temps à discuter avec les filles pour être certaine qu’elles voient où je veux en venir. Bref il n’y a pas grand-chose laissé au hasard donc ça demande beaucoup de préparation.
Je prends mes photos avec une chambre 20×25 j’utilise de la porta 400, qui est ensuite scannée. Je travaille en lumière naturelle essentiellement.

5

Qu’est ce qui les inspire ?


Je dirais le cinéma avant tout, les films de Lynch plus précisément. La peinture aussi avec Mercedes Helnwein.

6

Quels sont les photographes que vous admirez ?


William Eggleston, Stephen Shore, Gregory Crewdson, Alex Prager, Todd Hido , Lise Sarfati… il y en a tellement c’est impossible de tous les citer.

7

Quelle photo aimeriez-vous réaliser ?


J’aimerai bien photographier les concours de Mini Miss aux états unis.

8

Quels sont vos projets actuels ?


Je reviens juste de Los Angeles où j’ai travaillé avec de nouveaux films. J’ai expérimenté pas mal de choses, je vais me concentrer sur ça et sortir mon projet à la rentrée.

9

Qu’avez vous envie de nous montrer lors de la prochaine édition des Confrontations ?


Je vais donc montrer Tales of Blue Yesterdays la série dont je parlais plus tôt. C’est une série où je joue avec des stéréotypes et des clichés américains, j’essaie de les replacer dans une certaine réalité.
Il s’agit d’histoires que je propose mais où chacun peut se projeter et avoir sa propre version…

10

Pour terminer, que vous évoque l’expression « confrontations photographiques » ?


C’est à ça que je vais devoir me confronter justement, aux versions du public, à leurs idées de ce qui se passe dans mes images et de ce qu’elles veulent dire.