L'École des Gobelins de Paris

Pour la toute première fois, le festival des Confrontations Photo ouvre ses portes à une grande école de Photographie : les Gobelins. Avec cette carte blanche, le Collectif Confrontations souhaite créer une rencontre interactive avec des cadres de l’école, mais aussi bien sûr des étudiants en cours de cursus, d’ancien étudiants, et des photographes passant par la formation continue…

https://www.gobelins.fr/

GOBELINS, l’école de l’image est un acteur de référence dans la communication numérique, le design interactif et l’animation, GOBELINS l’école de l’image, est un établissement de la Chambre de commerce et d’industrie de région Paris Ile-de-France. Elle forme, depuis plus de cinquante ans, aux métiers de la photographie (1963), de la communication imprimée et plurimédia (1969), du cinéma d’animation (1975), du design graphique, de la vidéo (1984), du Design interactif (1991) et plus récemment du jeu vidéo (2011).
Ses différents programmes délivrés par la voie du temps plein, de l’alternance ou de la formation continue, préparent des futurs professionnels, capables d’analyser les demandes de clients, d’y apporter des solutions créatives et pertinentes.
Les Chiffres clés : Près de 850 étudiants dont 400 apprentis ; 2 000 stagiaires en formation continue ; 80 % d’insertion professionnelle ; 95% de réussite aux examens ; 35 enseignants permanents ; 460 intervenants vacataires ; 10 partenaires internationaux (Allemagne, Angleterre, USA, Danemark, Hongrie…) ; 1 Summer School dédiée au Cinéma d’animation ; Des Master Classes « Animation » en Asie, en Amérique du sud, et en Afrique.

Karo Cottier Maxime Franch Manon Lanjouère Charlotte Mano Alice Tremblot de la Croix

Karo Cottier

Je suis issue du monde du spectacle, danseuse et acrobate aérienne pour faire court. J’ai dansé à l’Opéra de Paris comme dans beaucoup d’autres prestigieux théâtres du monde.

La scène est un terrain de jeu magnifique pour la photo et je me suis amusée pendant des années jusqu’à passer le cap et me former à l’école de l’image des Gobelins.

Il y a un lien direct entre mon passé d’artiste et la photo, comme une suite logique, une évidence. J’aime créer, mettre en scène, et vous raconter des histoires.

« C’est parce que les rêves existent que notre vie est intéressante ».
Le rêve, c’est la liberté de penser, de créer, de s’évader.
Chaque soir, je raconte une histoire à ma fille. Chaque soir, elle m’en demande une autre.
Et nous partons ensemble dans un imaginaire agréable ou tout semble libre et sans limite.
Et même si elle s’endort en pensant qu’un jour, elle attrapera une licorne, je ne briserai jamais sa détermination.
Le rêve commence là, maintenant, enfant. Qu’en avons-nous fait, nous adultes ?
Ternis par une société parfois dure et sombre, nous luttons souvent pour les réaliser.
Gardons cette âme d’enfant et continuons à croire que tout est possible.
Croire en ses rêves, c’est le début de leur réalité.

Je ne prends pas le mot « confrontations » au sens propre de sa définition première.
C’est une rencontre photographique avant tout, des échanges d’univers, de techniques, de regards, de générations.
La photo n’existe que si elle est partagée, et le partage est la richesse d’un festival.

Maxime Franch

Je m’appelle Maxime Franch, j’ai 22 ans et je suis étudiant en 3ème année aux Gobelins.

Je travaille beaucoup sur l’instant du moment ou du regard que je photographie, je me sens souvent comme simple spectateur de la scène qui se déroule devant moi.

« 7.9 » Il se produit de très nombreux séismes tous les jours mais la plupart ne sont pas ressentis par les Hommes. Environ cent mille séismes sont enregistrés chaque année sur la planète. Les plus puissants d’entre eux comptent parmi les catastrophes naturelles les plus destructrices. Lorsque l’amplitude des ondes sismiques est multipliée par 10, la magnitude augmente d’une unité. Ainsi, un séisme de magnitude 7 provoquera une amplitude dix fois plus importante qu’un événement de magnitude 6, cent fois plus importante qu’un de magnitude 5. Au Népal en 2015, ce sont près de 200 séismes qui ont secoué le pays entre les mois d’Avril et Août avec une magnitude allant de 5 à 7.9 sur l’échelle de Richter. « 7.9 » est une série réalisée au Népal. Cette série parle de post-séisme, 3 ans après les premières secousses ressenties dans tout le pays et les principales conséquences que tout cela a générées. Malheureusement toute l’aide financière apportée par des dons privés, politique ou de particulier n’arrive pas toujours à destination et mettent un réel frein à la reconstruction du pays. Le salaire moyen d’un Népalais est de 100€ par mois, ils ont pour la plupart tout perdu dans ces tremblements de terre et le plus grand orphelinat du pays n’y a pas échappé.
En février 2018 les plus démunis vivent dans des habitations en taules et les plus riches dans des maisons neuves reconstruites à l’aide de toute la famille concernée. Cependant chaque citoyen du pays est confronté au même problème du quotidien : l’accès à l’eau courante et à l’électricité. En effet, en terme de localisation géopolitique et géographique, le Népal se trouve dans une position très inconfortable entre l’Inde et le Tibet (Chine). Ce reportage essaie de mettre en avant les difficultés d’un pays presque invisible, sauf pour ses paysages et couleurs magnifiques qui émerveillent le monde entier.

Pour moi cette expression m’évoque la confrontation des différents photographes et de leurs travaux au sein de cette exposition. Comment chaque personne arrive à s’approprier ce médium avec lequel on peut s’exprimer de multiples manières.

Manon Lanjouère

Manon est née en 1993, vit et travaille à Paris. Après un parcours en Histoire de l’Art à la Sorbonne elle décide de se consacrer pleinement à la photographie et intègre l’école des Gobelins en 2014 d’où elle sort diplômée en 2017.
De par son évolution parallèle au sein d’un théâtre parisien, sa pratique de la photographie est marquée par la mise en scène et le décor. Son travail guidé par la lecture s’attache à dépeindre des mondes fictifs. Des mondes qui lui permettent de raconter ses expériences personnelles avec un certain détachement, dans l’espoir de pouvoir ainsi permettre au spectateur de s’approprier ces histoires. Une distance avec le récit impliquée par l’utilisation des expressions scientifiques bien qu’il ne s’agisse le plus souvent que de simples vulgarisations ou ré-interprétations.
Le scientifique et le poétique, pourtant diamétralement opposés, sont les deux moteurs de sa recherche photographique. Dans les différents sujets qu’elle aborde, la tentative de comprendre l’interaction entre le paysage et l’humain reste centrale. Cette interaction qu’elle soit écologique, spirituelle, implique toujours cette notion de trace qui lui est chère et qui rattache l’humain à sa condition.

Bleu Glacé est un cabinet de curiosités, une étude « scientifique » qui reconstruit synthétiquement le paysage islandais. L’utilisation de matières synthétiques est là pour questionner notre emploi de plastiques, résines et polymères de manière exponentielle au quotidien, et comment cela peut changer les paysages géologiques à long terme du monde qui nous entoure ? Si l’Islande aimante l’attention c’est essentiellement en raison des composantes techniques de sa géologie. « Ses paysages sont une formidable leçon de géologie, le catalogue de la Redoute des formes volcaniques et glaciaires. » écrit Michel Tournier dans son roman Les Météores. Bleu Glacé est ce catalogue de paysages que tout un chacun s’imagine rencontrer en Islande, catalogue pour un voyageur immobile, voyageur de salon.
L’imagination fait apparaitre l’objet auquel nous pensons et que nous désirons, maintenant sous nos yeux avant d’en prendre possession. L’image qui en découle est une synthèse d’intériorité, recomposée en studio. L’objet est absent, mais toutes ses qualités sont devant nous, l’impression est présente, ainsi que les personnages qui ressemblent certes à des êtres humains mais ne sont que des personnages, sans intentionnalité́. Dans ces objets que je produis, chacun est libre de voir une cascade, un iceberg, une bâche en plastique, ou du polystyrène. L’imitation n’est que partielle, puisque seuls quelques éléments sont reproduits. Éléments suffisants cependant pour conférer à la forme ainsi construite une valeur représentative. Le concept apparaît alors.
Les images ainsi réalisées convoquent et questionnent cette « espèce de fougue primordiale des eaux, du vent, des nuages, des couleurs projetées à l’état pur sur ce ciel et les horizons » que décrit Samivel dans son livre L’Or de l’Islande.
Bleu Glacé a pour ambition de représenter cet ailleurs mythique, terre encore inconnue.

A mon sens l’expression « confrontations photographiques » est ce moment, ce lieu où dialogue la pluralité des regards. Elles permettent de rapprocher des travaux, les faire se répondre ou encore s’opposer. Elles impliquent surtout de donner au public une multitude de possibilités quant aux sujets, ou encore aux thèses abordées dans ceux-ci.
Elles créent une situation de dépendance entre les protagonistes de l’événement, tous doivent avoir un lien, une allusion, et existent en comparaison des autres.
Le travail photographique n’existe plus que pour lui-même mais dans son rapport qu’il entretient avec les différents travaux.

Charlotte Mano

Je suis Charlotte Mano, 28ans, diplômée de l’école des Gobelins en 2017, j’exerce le métier de photographe auteur, spécialisée dans le portrait.

« Portraire » est une série de portraits démarrée en 2015 qui questionne le pouvoir de représentation d’une photographie. Peinture ? Photographie ? Dessin ? Le regardeur se retrouve dans le doute face à l’image qui se veut trompeuse.

Tout de suite je pense à « l ’échange » entre photographes et regardeurs, ce jeu de ping-pong entre l’image et lui. Une ouverture aux autres tout de suite après, découvrir et être étonné.

Alice Tremblot de la Croix

Diplômée de Gobelins, l’école de l’image, j’ai pu y apprendre les pratiques technologiques et analogiques de la photographie. Je me plais à rentrer directement en relation avec l’image et établir un contact physique avec celle-ci. A mon sens, l’appareil photographique est un outil permettant de traiter un sujet mais pas une finalité. J’expérimente autant le médium que le support final, qui pour moi à une importance particulière.
Mon travail consiste alors à inclure le geste pour façonner l’image et tenter d’augmenter le rapport sensitif et physique à la photographie.

« Speleothem » explore la question de la concentration et de l’accumulation des roches formées aux fils des années. Photographiée dans différents pays d’Asie du sud est en 2017, cette série propose un regard sur des grottes, un lieu où les formes et les volumes y sont complexes. Le propos n’est pas de représenter l’Asie et les paysages sédimentaires qui s’y trouvent mais le ressenti face à cette multitude de formations naturelles. Ce travail tente alors de sortir de ce qui nous est forcé de regarder par une intervention plastique et une approche autre de la photographie qui veut s’écarter de sa forme traditionnelle.

Cette expression m’évoque un échange, des regards croisés qui peuvent ou non se compléter. Se retrouver confronter face à différentes sensibilités et tenter de les réunir en un ensemble harmonieux. Partager différents points de vues avec un public, et provoquer des rencontres.