Jean-Marie Manzoni
Avant tout, les tirages sont particulièrement soignés, mettant en valeur une profondeur des noirs qui sert remarquablement l’intensité des sujets. Le propos n’est pas ici un naturalisme au sens strict, mais un véritable travail esthétique sur le mouvement et la forme qu’une autre thématique aurait finalement pu magnifier également. Nous attendons déjà la suite… Il se dégage ainsi une puissance presque palpable de ces buffles faisant voler la poussière, un saisissement terrible de ces fauves rugissants, une vitesse vertigineuse de ces oiseaux en quête de proie, saisis patiemment aux quatre coins du globe. Avec une absence presque totale de contexte, les animaux de Jean-Marie Manzoni surgissent à chaque image d’un étrange néant et nous entraînent finalement dans leur vol, leur danse, leur combat, vers un autre monde aux antipodes de cette obscure genèse : notre imaginaire…
© Jean-Marie Manzoni 2018
Les 10 questions Conf' à Jean-Marie Manzoni
Qu’aimeriez-vous nous dire pour vous présenter en quelques mots ?
Né à Genève au siècle passé, j’ai eu au cours de ma carrière de photographe, l’occasion de pratiquer diverses disciplines de ce métier : reportage, studio, tirage argentique.
Quel est votre parcours photographique ?
Apprentissage et cours à l’école de photographie de Vevey (Suisse) avant d’être engagé comme reporter au sein de la rédaction d’un hebdomadaire suisse, puis assistant dans un studio de prises de vues publicitaires pour ensuite créer un atelier de tirages pour relations publiques. Depuis 2001, uniquement consacré à mes travaux personnels
Pour vous qu’est-ce qu’une bonne photo ?
Une image qui accroche le regard, qui interpelle, qui conduit à la réflexion ou à la rêverie.
Comment naissent vos photos (prises de vue, traitement, impressions) ?
Avec du temps, beaucoup de temps : Pour la recherche du lieu, de la période et l’organisation de longs déplacements, pour la capture des images et le choix des tirages définitifs.
Concernant l’aspect technique, boitier Nikon D300 avec objectif 500 mm reflex, mise au point manuelle pour la plupart du temps et parfois 70/300mm autofocus. Les tirages sont réalisés en procédé digital avec encres pigmentées sur papier pur coton.
Qu’est ce qui les inspire ?
La beauté de la forme et du mouvement, en particulier ces fractions de secondes difficilement perceptibles dans la continuité l’action.
Quels sont les photographes que vous admirez ?
Hiroshi Sugimoto, Paul Strand , Letizia Battaglia, Raymond Depardon, Irvin Penn, Mario Giacomelli…et tant d’autres !
Quelle photo aimeriez-vous réaliser ?
Les évolutions acrobatiques de simulacre d’attaques et de parade nuptiale de couples d’oiseaux.
Quels sont vos projets actuels ?
Mon prochain retour dans la savane africaine.
Qu’avez vous envie de nous montrer lors de la prochaine édition des Confrontations ?
Un regard différent de la photographie animalière, en retrait d’une description documentaire et des critères habituels de précision du détail et de mouvement figé. Images en noir et blanc qui proposent une approche esthétique où la forme, la composition, l’équilibre et la tension des valeurs laissent place à l’imaginaire.
Pour terminer, que vous évoque l’expression « confrontations photographiques » ?
Une comparaison de divers genres et aspects de la photographie.