Alain Licari

Alain Licari

© Alain Licari 2020

On aime tellement de choses dans ce coup de cœur arlésien… et s’il fallait n’en garder qu’une, ce serait le format cinéma de cette série américaine, clin d’œil supplémentaire au grand Robert Frank…

https://www.alainlicari-photographe.com/

© Alain Licari 2020

Les 10 questions Conf' à Alain Licari

1

Qu’aimeriez-vous nous dire pour vous présenter en quelques mots ?

Je suis un photographe autodidacte. Je suis de Lyon, j’ai vécu en Espagne et pour l’instant, j’habite à New York…
Je photographie en noir et blanc, et j’aime raconter la vie des personnes que je rencontre. Ce sont souvent des vies à la marge du « système », parfois des vies cabossées.

2

Quel est votre parcours photographique ?

Mon parcours photographique est relativement récent. J’ai commencé en 2011, 2012. C’est à cette époque que je me suis dit que je voulais faire de la photo, que je voulais comprendre comment ça marche. Il n’y a pas vraiment eu d’élément déclencheur. C’est venu progressivement, ça a pris du temps pour que l’envie mûrisse et se concrétise. Ça devait être là, quelque part… Un jour, j’ai donc franchi le pas : j’ai suivi deux workshops à Lyon, j’ai tâtonné et expérimenté dans mon coin. Le noir et blanc s’est rapidement imposé ainsi que la photo de rue. Puis après quelques années, je suis passé à une photo plus proche du reportage, du documentaire. Je suis autodidacte mais j’ai la chance depuis le début, d’être guidé, orienté et encouragé par d’autres photographes, par des personnes du monde de la photo. Ces personnes ont toujours fait preuve de bienveillance et d’honnêteté avec moi. C’est d’ailleurs toujours le cas et je leur dois beaucoup. Je me souviens aussi de la première fois que j’ai « exposé », ou plutôt devrais-je dire, de la première fois que j’ai accroché mes photos pour qu’elles soient vues. C’était en mai 2014, dans un petit bar de Lyon. J’étais très nerveux, fébrile mais content. Quelques amis sont venus, nous avons passé un bon moment. C’est un beau souvenir qui reste important dans mon histoire avec la photo.

3

Pour vous qu’est-ce qu’une bonne photo ?

Une bonne photo, doit d’abord me plaire, me toucher. Elle doit me happer au premier regard, sans que je sache trop pourquoi. Cette photo doit me donner envie d’en voir plus, au-delà du cadre, et donc aiguiser mon imagination. Ce n’est pas nécessairement une photo spectaculaire, certainement pas une « photo choc ». Il doit s’en dégager une personnalité, un caractère ; quelque chose d’un peu bancale. J’aime les compositions soignées mais pas trop académiques. Alors il faut que ça râpe un peu. Cette bonne photo doit aussi rester dans un coin de ma tête. Un jour, sur le terrain, consciemment ou pas, elle m’inspirera certainement.

4

Comment réalisez-vous vos photos (prise de vue, traitement, etc…) ?

Avant de me lancer concrètement dans un projet photo, je me documente, très souvent je cherche des contacts. Cela me permet d’affiner, d’orienter le sujet de mon projet et de rentrer dans une communauté qui n’est pas forcément facile d’accès. Il peut s’agir d’un camp de réfugiés Syriens au sud du Liban ou d’un refuge pour migrants dans les collines de Tijuana, par exemple. Une fois sur le terrain, je prends mon temps ; je ne fais pas de photos pendant quelques jours. Tout repose sur la confiance, la parole, les regards. Puis, il y a un moment où je sais -je sens- que je peux sortir mon appareil photo. Je commence alors à photographier avec l’accord explicite ou silencieux des personnes. J’aime retourner plusieurs fois au même endroit, traiter le même sujet sur plusieurs années et le décliner sous des angles différents. Je reste parfois en contact avec les personnes photographiées. Cela va donc au-delà des images que je ramène : la rencontre et l’expérience vécue sont aussi très importantes. La photographie s’inscrit dans une démarche globale. Elle est certes l’aboutissement visuel d’un projet mais elle n’est pas qu’une fin en soi.

5

Qu’est ce qui les inspire ?

Concernant la forme, je suis très inspiré par le cinéma. Je ne saurais pas trop l’expliquer. Mais c’est pour cela que je photographie en grand angle -et focale fixe-, et que mon format de prédilection est le 16:9. Cela me rappelle les films en Cinémascope. J’aime beaucoup cette idée. A propos du contenu, je photographie plutôt des personnes qui vivent à la marge de la société, de gré ou de force. Je cherche donc à les rencontrer, à les photographier quand cela est possible, et ensuite à relayer leurs histoires.

6

Quels sont les photographes que vous admirez ?

Je suis inspiré par quelques grands maîtres de la photographie humaniste et sociale, tels que Sebastiao Salgado, Raymond Depardon. Mais aussi Dorotea Lange, Mary Ellen Mark, Robert Frank, Eugene Smith, par exemple. J’aime beaucoup leurs photos mais surtout leurs démarches photographiques, leur histoire. Mais avec les réseaux sociaux, je vois aussi passer beaucoup de photos. Certaines, dont je ne connais pas forcément l’auteur, sont très inspirante.

7

Quelle photo rêveriez-vous réaliser ?

Je ne sais pas. Je mesure surtout la chance que j’ai de pouvoir faire de telles rencontres, de photographier ces expériences et de les montrer. J’aimerais que cela dure le plus longtemps possible.

8

Quels sont vos projets actuels ?

J’aimerais continuer à explorer les États-Unis, l’Amérique Latine. J’aimerais approfondir certains sujets et continuer à rencontrer des communautés au style de vie particulier et fascinant. Mais aussi, je souhaite découvrir un nouveau continent… Histoire à suivre…

9

Quelle série nous présentez-vous lors de cette édition des Confrontations Photo ?

Lors de cette édition, je présente ma série « : « Shit, Shower, and Shave ». Á l’été 2019, j’ai passé 3 semaines dans une ville à moitié abandonnée, au cœur du Wyoming. Le Far West américain. C’est une ville minière qui exploitait l’uranium dans les années 70, au plus fort de la Guerre Froide. La ville a alors compté jusqu’à 5000 habitants. Puis à partir des années 80, l’exploitation des mines s’est progressivement arrêtée. Désormais, entre 30 et 50 personnes vivent dans cette ville. Ce fut une expérience extraordinaire ! Je ne m’attendais pas à ça. J’espère que mes photos reflètent un peu de ce que j’ai vécu et ressenti là-bas.

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Pour terminer, que vous évoque l’expression « confrontations photographiques » ?

« Confrontations – Photographiques » … : se confronter… se retrouver face à… soi-même et aux autres. C’est important pour progresser et essayer de comprendre… la photo, la vie. Ce n’est pas facile. Mais c’est nécessaire, vital et exaltant.