Angelle

Angelle

© Angelle 2020

On aime quand les « petites choses » aux parfums d’enfance nous sont racontées avec poésie…

www.angelle-photo.com

© Angelle 2020

Les 10 questions Conf' à Angelle

1

Qu’aimeriez-vous nous dire pour vous présenter en quelques mots ?

Née en Haute-Savoie, j’ai vécu jusqu’à l’âge de 18 ans au pied du Jura. Et puis j’ai quitté cette région pour la capitale…
Je vis depuis 15 ans entre Montreuil en Seine-Saint-Denis et les monts du Nivernais, me consacrant essentiellement à la photographie.

2

Quel est votre parcours photographique ?

Diplômée de l’école ICART-photo en 1988, j’ai travaillé plusieurs années en studio et en laboratoire professionnels, avant de me consacrer davantage à mes travaux personnels. D’autre part je suis représentée par les photothèques Readymade et Plainpicture ce qui me permet d’avoir de temps à autre quelques images dans des magazines ou en couvertures de romans.

3

Pour vous qu’est-ce qu’une bonne photo ?

Une « bonne photo » pour moi doit être bien composée, avec une belle lumière. J’aime qu’elle ne révèle pas tout de la scène, qu’elle contienne une part de mystère… Que se passe-t-il hors du cadre ? que vient-il de se passer, que va-t-il arriver… ? C’est de cela qu’une photographie tire sa magie : de ce qu’on ne voit pas, ne comprend pas complètement…

4/5

Comment réalisez-vous vos photos, qu’est-ce qui les inspire ?

J’ai deux manières de photographier. L’une est spontanée, l’autre est le fruit d’une grande patience.
Quand je suis à la campagne j’ai toujours avec moi mon appareil, je peux donc à tout instant déclencher s’il se passe quelque chose ou que j’aperçois un mélange lieu/lumière rare.
L’autre démarche est davantage un travail au long cours. J’observe, je repère, je retourne plusieurs fois sur un lieu. En cas de sujet humain aussi bien qu’animal, je prends le temps de me faire accepter, me fondre dans le décor.
C’est ainsi qu’il m’est arrivé de passer plusieurs heures au milieu d’un poulailler !
Quant au travail sur écran qui suit la prise de vue, je l’aime léger et je ne me permets d’autre intervention que celle de retrouver l’ambiance de l’instant photographié.

6

Quels sont les photographes que vous admirez ?

Il y en a beaucoup ! Il me vient spontanément la force pudique des images de Raymond Depardon, les compositions parfaites de Joseph Koudelka, la puissance et la poésie de Sebastiao Salgado.
Mais me touche aussi l’approche sensible et rurale de Christophe Agou , le regard brut sur l’enfance de Sally Mann ou encore les couleurs profondes des portraits de Corinne Vachon.
Même si ce n’est en rien pour travailler « à la manière de »… je suis pleine d’admiration pour ces hommes et femmes tout simplement immenses !

7

Quelle photo rêveriez-vous réaliser ?

J’imagine une porte de ferme, un homme en casquette et bleu de travail entre dans l’obscurité de la petite bergerie, une hirondelle en sort au même instant. Instant qui devient ainsi « parfait ».
Dire ainsi le rapport furtif de l’humain et de l’animal, l’opposition entre la lenteur des jours à la campagne et celle de la vitesse de l’oiseau, dire encore et autrement la part de la fragile beauté qui s’attache à une vie paysanne.

8

Quels sont vos projets actuels ?

Plutôt solitaire dans mon travail, j’avance à pas lents et minutieux dans ce projet photographique autour du monde de la campagne. Obtenir la possibilité de l’éditer serait pour moi une merveilleuse manière de continuer à le faire vivre.
Il me semble que ces images trouveraient dans l’intimité d’un livre le rythme de consultation qui lui conviendrait.

9

Quelle série nous présentez-vous lors de cette édition des Confrontations Photo ?

Petites choses, paysages épurés ou gestes simples, ce petit lot d’images est extrait d’un travail qui court depuis plus d’une dizaine d’années sur la campagne nivernaise, comme une réminiscence de la campagne de mon enfance. Il n’est pas question ici d’une étude documentaire, simplement de saisir, afin de les offrir en partage, quelques fragments de cet écho éminemment subjectif.
Pas trop de nostalgie dans cette démarche, plutôt une curiosité sans cesse renouvelée pour les accents étranges et mystérieux que j’y retrouve.
Ces images sont autant d’émotions enfouies qui me semblent tout à coup résonner dans la patine de certains décors ou objets, au creux d’un geste… Les animaux sont très présents dans cette sélection, mélange entre une irréductible distance et la soudaine intimité d’un échange de regards prolongé.

10

Pour terminer, que vous évoque l’expression « confrontations photographiques » ?

Ça m’a d’abord étonnée. Confrontation ? Comme heurts ? Opposition ? A moins qu’il ne s’agisse de points de vue sur l’image qui se confrontent ici…
Et j’ai soudain compris qu’accrocher de nouveau après une pause de 10 ans depuis ma dernière expo était une étape importante. Et puis que revenir le montrer justement au cœur du pays de Gex, là où mon regard d’enfant a commencé à appréhender la nature avec curiosité, n’était sûrement pas une coïncidence… Plutôt un genre de… confrontation !