Isabelle Besson

Isabelle Besson

© Isabelle Besson 2020

On aime le soin qu’elle apporte à la lumière, l’esthétique Art Déco de ses images ; on aime la relation mère/fille…

https://www.facebook.com/babymagephot/

© Isabelle Besson 2020

Les 10 questions Conf' à Isabelle Besson

1

Qu’aimeriez-vous nous dire pour vous présenter en quelques mots ?

 

Je dirais que je photographie ce que je ressens, comme une respiration et pas forcément ce que je vois.
Je suis aussi timide que bavarde, j’adore les pays du Nord, l’hiver, alors que je suis une grande frileuse et j’adore le chocolat 🙂
J’utilise la photographie comme art de l’expression mental et visuel, pour amener celui qui regarde l’œuvre exposée à se poser des questions sur ce qu’il voit…

2

Quel est votre parcours photographique ?

Je sors de trois écoles différentes. La première pour obtenir mon CAP Photo en retouche. A l’époque tout se faisait à la main, j’avais 17 ans. La seconde pour obtenir mon CAP photo et parce que je me suis rendue à l’évidence, retoucheuse, très peu pour moi. J’ai intégré l’école CE3P pour le reportage. J’ai ensuite passé mon Bac Pro en candidat libre avec un ventre rond, tout comme ceux qui m’observait lors des examens :). La dernière école est arrivée bien des années après… Pendant deux ans, j’ai intégré une société pour des photos de mariages, j’ai travaillé comme pigiste photographe et collaboré avec différent magazines. J’ai signé avec une agence photo de voyage et nature, qui se nommait Blue Lagoon. Deux Albatros à la maison qui avaient besoin de leur maman, j’ai créé une société de photographies à domicile (bb, femmes enceintes, portraits) : Babymage. Tout mon travail se faisait en 6 x 6 et en argentique bien sûr.
Parfois la vie vous joue des tours et j’ai mis mon métier de photographe entre parenthèses pendant 10 ans. Arrive la troisième école, je devais apprendre tous le procédé numérique, les logiciels de développement…, tout reprendre à zéro, tout recommencer en travaillant à plein temps à côté. Je suis entrée à l’école Efet…
Vous n’imaginez pas la trouille de reprendre le studio, de tout reprendre, mais… je n’avais rien perdu de mon savoir sur la lumière au studio, seules les nouvelles technologies devaient être maitrisées… Nous étions en 2015.
Depuis j’ai pris mon envol, trouvé mon chemin photographique.
Je travaille avec une agence de photo nature Natuagency depuis presque deux ans et je suis photographe auteur sur des sujets plus personnels…

3Pour vous qu’est-ce qu’une bonne photo ?

Une photo cadrée « scolairement » fonctionnent très bien ; mais la lumière est importante, elle donne le ton, le sentiment, l’atmosphère de ce que l’on regarde. Mais ce n’est tout, une bonne photo on ne l’oublie pas, on ne se lasse pas de la voir, on en parle, elle nous interroge, nous questionne, nous choque aussi parfois. Bref une bonne photo ne doit pas nous laisser de marbre, elle doit nous faire réagir… dégager une émotion, interpeller.

4

Comment réalisez-vous vos photos (prise de vue, traitement, etc…) ?

 

Je commencerais par vous parler du traitement. Je ne suis pas une grande experte, je n’ai pas non plus la patience de rester longtemps devant mon écran. Il faut un développement rapide. J’utilise Photoshop de la même manière que si je faisais un tirage photo sous l’agrandisseur.
L’Editing, un élément essentiel voire primordial. En rentrant de la prise de vue, je visionne mon travail, et je jette toutes les images qui ne me produisent aucun effet.
Je note mes coups de cœur qui souvent seront celles utilisées plus tard pour mes dossiers. Je laisse poser un certain temps entre le premier et le second editing, pour ne plus être envahie par les émotions du moment de la prise de vue, prendre du recul sur mon travail. Mon choix est alors mieux affiné, plus ciblé.
Je terminerais par la prise de vue. Avec le temps je fonctionne différemment. Je réfléchis en amont à mon sujet, à ce que je veux dire et la manière dont je veux faire passer le message, l’émotion. C’est aussi à ce moment que je choisis de le traiter en noir et blanc ou en couleur et j’écris mes idées photos sur un carnet. Je commence la séance par la photo que je souhaite réaliser, mais très vite j’ai des idées pleins la tête et je crée d’autres photos. Je travaille en entonnoir, loin du sujet et je m’en rapproche.

5

Qu’est ce qui les inspire ?


Pour mes premiers sujets d’auteur je me suis inspirée de certains moments de la vie qui m’ont été douloureux. Je donne toujours une part de moi-même dans mes sujets.
C’est la vie qui m’inspire, comprendre, voir autrement, me mettre à la place…
Écrire des histoires en photo sur des sujets, ou chacun pourrait se retrouver, sensibiliser, aider, témoigner ou comprendre.

6

Quels sont les photographes que vous admirez ?


Patrick Frillet et Yann Morvant pour le reportage, ils ont été mes mentors pendant ces années de free-lance et pendant mon séjour en Croatie à la fin de la guerre.
Edwaard Weston, photographe Américain des années 20 ; je me retrouve dans sa façon de photographier et les sujets qu’il choisit. Son regard est un peu le mien ou mon regard est le sien :).
Ansel Adams, que l’on ne présente plus. Le maitre du paysage à la chambre.
Dorothy Schoes, je l’ai découverte il y a très peu de temps. Ses photos sont très fortes, ne laissent pas indifférente la personne qui les regarde.

7

Quelle photo rêveriez-vous réaliser ?

 

J’en ai deux :
La première : Un bocal à poissons rouges géant rempli d’eau et de poissons rouges avec un enfant nageant dans le bocal. J’ai déjà le maillot de bain (blanc orange et turquoise avec des poissons rouges dessus).
La seconde : Photographier les lucioles au Japon.

8

Quels sont vos projets actuels ?


Je travaille sur la maltraitance des femmes, sur ce qu’elles ressentent et pourquoi elles ont du mal à y mettre fin. Le premier volet est sur la violence verbale, cette partie est terminée. J’ai commencé un second volet sur les femmes battues.

9

Quelle série nous présentez-vous lors de cette édition des Confrontations Photo ?

 

« La piscine » – Un sujet sur l’aquaphobie avec ma fille.
Aquaphobique je suis …
Dès notre création l’eau est là, protectrice et chaleureuse mais pas pour moi.
Ensemble, mère et fille nous allons souvent dans ce lieu si hostile pour moi et si rassurant pour elle.
Ma fille a voulu comprendre ce que je ressentais. Elle ne comprenait pas. L’eau est son élément.
Elle me dit j’aime sentir l’eau m’envelopper, me bercer, toi on a l’impression qu’elle t’étouffe, t’emprisonne et tu t’accroches à ta bouée. Maman tu rêves que l’eau t’attire pour toujours vers le fond, moi je voudrais m’endormir tous les jours au bord d’une piscine.
Elle a fermé les yeux … s’est endormie pour entrer dans une bulle d’eau qui n’était pas la sienne, elle a glissé doucement vers la peur, l’angoisse… pour comprendre.
Elle a ouvert les yeux, enlacé l’oreiller et m’a dit j’enlace l’oreiller de la même façon que tu dois te laisser bercer par l’eau…
La piscine est née de cette envie de comprendre et de travailler mère et fille.

10

Pour terminer, que vous évoque l’expression « Confrontations photographiques » ?

 

Avec confrontations photographiques j’entends ou je m’attends à voir plusieurs auteurs photographes avec une écriture, un style, une technique, un regard, un domaine, photographique différente des uns par rapport aux autres.
Confronter plusieurs styles de regards et écriture photographique.