Sidonie Van Den Dries
© Sidonie Van Den Dries 2020
Les 10 questions Conf' à Sidonie Van Den Dries
Qu’aimeriez-vous nous dire pour vous présenter en quelques mots ?
Je sais bien que ce ne devrait pas être une question difficile, n’empêche que je rumine ma réponse depuis des heures ! J’aime rêvasser, prendre (et perdre) mon temps, réparer des choses cassées et trouver des solutions aux problèmes. J’ai toujours été partagée entre l’envie d’écrire et celle de créer des images. Aujourd’hui, je gagne ma vie en traduisant des romans.
Quel est votre parcours photographique ?
J’ai commencé à faire des photos argentiques au lycée, et continué quand j’étais élève à l’École Duperré. J’ai presque complètement arrêté aux débuts du numérique, sans que je m’explique vraiment pourquoi. J’ai retrouvé le plaisir de photographier il y a cinq ou six ans, quand j’ai ressenti le besoin d’exercer une activité plus créative et moins solitaire que la traduction. C’est revenu tout naturellement, comme une évidence.
3Pour vous qu’est-ce qu’une bonne photo ?
Une photo qui me raconte une histoire, ou un début d’histoire. Une photo dans laquelle je peux projeter mon imaginaire pour la prolonger. Une photo qui me procure une émotion, même désagréable.
Comment réalisez-vous vos photos (prise de vue, traitement, etc…) ?
Je flâne en regardant autour de moi, sans idée précise, jusqu’à ce que je voie quelqu’un, quelque chose qui me plaît, qui m’intrigue, qui m’amuse, qui m’effraie… ou qui m’évoque une des séries que j’ai commencées. Après avoir pris la photo, j’essaie en post traitement de retrouver au maximum l’émotion que j’ai ressentie. Je peux passer beaucoup de temps à tenter de « sauver » une photo un peu ratée, quand je sens qu’une émotion affleure. Ça ne marche pas toujours.
Ensuite, j’imprime la photo, je l’installe dans ma bibliothèque et je la scrute longuement, pour essayer d’élucider son mystère, de comprendre ce qui m’a attirée.
Si j’ai toujours du plaisir à la regarder au bout de quelques jours, ou si des gens qui passent par là la remarquent, ont envie d’en parler, je me dis que c’est bon signe. Qu’il y a un partage possible.
Qu’est ce qui les inspire ?
Des personnes, presque toujours. Je trouve les gens captivants, même quand ils ne font rien de spectaculaire. Ou alors, une lumière particulière… Des couleurs vives ou étranges, un clair-obscur… Quelque chose qui m’intrigue, ou fait plaisir à mes yeux.
Quels sont les photographes que vous admirez ?
Harry Gruyaert par-dessus tout, mais aussi Joel Meyerowitz et Nadav Kander. Et deux photographes que j’ai découvertes récemment : Evangelia Kranioti, une artiste et réalisatrice grecque, dont la série « Les vivants, les morts et ceux qui sont en mer », que j’ai vue l’été dernier à Arles, m’a frappée. Et Cigdem Yuksel, une jeune photographe turque, qui m’a bouleversée avec sa série sur le travail des enfants syriens en Turquie.
Quelle photo rêveriez-vous réaliser ?
Une de ces photos que je n’ai pas pu faire, parce que je passais trop vite devant une scène éphémère, et qui restent gravées dans ma tête. Elles sont devenues des images imaginaires, idéales. Comme cette photo d’ouvriers agricoles, un matin, dans la brume, le long de la route départementale, à un endroit où on ne peut vraiment pas se garer.
Quels sont vos projets actuels ?
J’ai commencé une série qui m’aide à réfléchir sur l’articulation délicate entre liberté et sécurité, en explorant les jeux pour enfants dans les espaces publics, souvent très sécurisés (avec cette espèce de béton mou au sol, par exemple). Je les compare en pensée avec les jeux d’autrefois, si peu encadrés, si délicieusement pleins de dangers et propices à l’aventure.
J’en ai entamé une autre sur les contes de fées. J’essaie de capturer ce qu’il en reste, sous forme de bribes, dans notre quotidien.
Quelle série nous présentez-vous lors de cette édition des Confrontations Photo ?
Une série qui s’intitule « Chez-soi, ailleurs », où l’on voit des gens camper, à la tombée de la nuit, en clair-obscur et en couleurs. Je trouve fascinante, en camping, cette faculté qu’on a de recréer son petit univers à partir de peu de choses, pour se sentir bien, chez soi, tout en étant ailleurs, surtout dehors, plus libres et plus près les uns des autres. J’aime ce côté minimaliste et convivial.
Pour terminer, que vous évoque l’expression « Confrontations photographiques » ?
Spontanément, le mot « confrontations » me fait froncer les sourcils, car il sous-entend une comparaison, appelle un choix. Cependant, il me paraît évident qu’il sera plutôt question dans ce festival de se rencontrer, de se « frotter » les uns aux autres (je sais, ce n’est pas le moment), et au public. Et cette idée me plaît beaucoup, bien sûr !