Clément Marion

Clément Marion

© Yann Rabanier 2024

Série « Phoenix »  © Clément Marion 2024

Les 10 questions Conf' à Clément Marion

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Qu’aimeriez-vous nous dire pour vous présenter en quelques mots ?

Je suis Clément Marion, je suis Photographe Artiste-Auteur, spécialisé dans les techniques photographiques que l’on qualifie volontiers “d’alternatives“.
J’aime aussi le terme de Plasticien, car pour certains de ces procédés, ils ne sont ni plus ni moins que les techniques initiales originelles anté-numérique.

2

Quel est votre parcours photographique ?

Né à Pertuis en 1996, j’ai commencé ma passion pour la photographie dès mon plus jeune âge.
À 19 ans, j’ai intégré l’école de photographie, l’ETPA de Toulouse, où j’ai découvert la photographie argentique, une passion qui ne m’a jamais quitté depuis.
Après une année sabbatique au cours de laquelle j’ai affiné mon langage photographique, j’ai obtenu mon diplôme en 2020 avec une mention du jury.
Installé en région parisienne, j’ai alors débuté mon parcours en tant qu’artiste photographe, me spécialisant particulièrement dans les procédés alternatifs et anciens. Depuis l’obtention de mon diplôme et la publication de l’auto-édition « Brûlés », que j’ai co-écrit avec Clélia Lebreton, mes travaux ont été salués à travers des articles en ligne, la presse et des magazines dédiés à la photographie.
En tant que lauréat du festival ManifestO 2021 à Toulouse, mon travail sur les grands brûlés, la série « Phoenix » et l’édition « Brûlés » a été exposé dans un festival à Besançon et dans une galerie à Aurillac.
En 2022, j’ai eu l’honneur d’être lauréat du prix ISEM Jeune photographie documentaire pour Images Singulières, à Sète. J’ai ensuite exposé au Festival de Fronton, au Musée Albert Schweitzer à Gunsbach, et enfin au festival Papier(s)Photo à Gaillac.
Au début de septembre, j’ai posé un pied au cœur de Paris dans le cadre d’une exposition collective avec Action Hybride, intitulée « Carcasse ».
En 2023, c’est à Arles que j’ai ouvert une galerie temporaire pendant tout le festival des Rencontres Photographiques. Le projet était simple : co-exposer avec 9 personnes différentes, se succédant tout au long de l’été.
Enfin, la dernière exposition de l’année a eu lieu au Château de Capdeville à Fronton.

3

Pour vous qu’est-ce qu’une bonne photo ?

Quand elle me touche, peu importe comment.
Je crois que quand une émotion se dégage d’une œuvre graphique, ou bien émane du spectateur, c’est toujours une réussite.

4

Comment réalisez-vous vos photos (prise de vue, traitement, etc…) ?

Je n’ai pas de recette miracle, simplement des idées que je réalise.
Parfois c’est de l’expérimentation à taton, parfois je pense et réfléchit le projet durant des mois. C’est beaucoup d’expériences de pensées.

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Qu’est ce qui les inspire ?

Tout ce que je vis, pense, fait, réalise au quotidien.
Toutes mes expériences, les liens que je fais entre les choses qui sont à ma portée.
Ma principale inspiration réside dans le tout venant de mon quotidien.

Principalement le paysage. Pas du point de vue documentaire, mais plutôt d’un point de vue intime.
Ma photographie est loin de l’extase. Que ce soit au Japon, en Islande ou dans mon jardin, elle expérimente ces instants où notre perception vacille face à la nature.

6

Quels sont les photographes que vous admirez ?

J’admire surtout des séries photographiques, des projets, une idée.
Même s’il y a des très grands noms, je ne sais pas si j’admire particulièrement l’Oeuvre de Sally Mann ou bien seulement sa série Immediate family. Je l’ai souvent citée en inspiration, mais finalement si cette série la n’existait pas, me serai-je arrêté sur le reste de son travail ? Si. Peut-être. Proud Flesh était assez bien également.
Patrick Bailly-Maître-Grand, lui j’aime une très grande partie de son travail photographique.
Globalement je peux citer Arthur Tresse et Michael Ackerman.
Wuhan radiography par Simon Vansteenwinckel relève pour moi du génie et le corpus de David Siodos sur la marginalité humaine également.

7

Quelle photo rêveriez-vous réaliser ?

Une photo qui touche les gens comme certaines m’ont touchées à moi. Un truc qui fait réagir à chaque coup d’œil.
Du reste, pas tant qu’une seule photo, j’imaginerai volontiers plutôt une série.

8

Quels sont vos projets actuels ?

Réaliser la photo (série?) que je reverrai de réaliser 😎🚀

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Quelle série nous présentez-vous lors de cette édition des Confrontations Photo ?

« Phoenix » – L’être humain est gêné face à la différence. Partager, montrer, c’est briser des silences qui mettent mal à l’aise. Parce que ce qui blesse, c’est le regard des autres, l’ignorance.
Ces photographies sont un message de tolérance et d’espoir pour toutes les personnes qui sont contraintes de vivre avec leurs marques.
« Étre un grand brûlé c’est apprendre à vivre avec un corps marqué, réparé, cabossé, un corps qui tous les jours nous rappellera le jour où tout a basculé. » – Clélia Lebreton.
Le collodion humide est composé entre autres de deux éléments principaux, le collodion et le nitrate d’argent. Séparément, ils sont tous deux utilisés en médecine, pour la cicatrisation. Ensemble, ces deux éléments forment une émulsion photographique sensible semblable à une fine peau étalée sur plaque de verre.
Cette pellicule sèche peu à peu dès la préparation à la prise de vue, jusqu’à la fin du développement de la photographie. Elle finit par se durcir, se rétracter, parfois se craqueler et souvent changer de couleur.
Le parallèle entre cette texture et celle de la peau cicatrisée des grands brûlés étant évident, j’ai décidé d’utiliser le collodion humide pour traiter ce sujet.

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Pour terminer, que vous évoque l’expression « confrontations photographiques » ?

Je pense que je le prendrai au sens étymologique, c’est-à-dire coller fronts à fronts oeuvres et spectateurs. On vit vite, en regardant nos pieds pour ne pas tomber, certains seulement le bout de leur nez ou bien leur nombril.
Une « confrontation » telle laisse le temps au temps, d’appréhender ce qu’on ne regarde peut-être pas assez au quotidien finalement : des choses qui nous touchent et font naître des émotions.