Lo Kee
Série « Fragments » © Lo Kee 2024
Les 10 questions Conf' à Lo Kee
Qu’aimeriez-vous nous dire pour vous présenter en quelques mots ?
Je suis un joyeux drille qui ne se prends pas trop au sérieux en revanche la photographie pour moi est plus qu’une passion ou un métier, il s’agit d’un mode de vie. Je m’y investi de tout mon être avec tout ce que cela implique de plus déraisonnable.
Quel est votre parcours photographique ?
À la différence de certains photographes qui ont baigné dans la photographie depuis leur enfance, ma découverte de la discipline s’est faite tardivement autour de mes 25 ans. J’ai commencé à pratiquer en autodidacte après des études en géographie.
Pendant longtemps, je me suis tenu à distance des expositions, des magazines et des livres traitant de la photographie. La crainte d’être influencé a toujours été présente.
Je redoutais de me retrouver dans une situation où j’aurais été tenté de reproduire ce que j’avais précédemment observé, ou inversement, de me l’interdire sous prétexte de ne pas vouloir copier. Bref, j’ai toujours souhaité conserver ma spontanéité.
Cette période d’autarcie artistique m’a je pense été bénéfique. À l’abri d’une quelconque influence, j’ai pu cultiver mon écriture et lorsque j’ai commencé à m’ouvrir, il a été intéressant de découvrir les différents courants photographiques et comment je pouvais me raccrocher à tel ou tel autre.
Pour vous qu’est-ce qu’une bonne photo ?
Je fais fréquemment le parallèle entre photo et musique.
Pour moi par exemple, une bonne chanson est une chanson qu’on n’écoute pas. Ce que je veux dire par là, c’est que souvent, lorsqu’une chanson me plaît, je me rends compte que mon esprit a commencé à vagabonder dès les premières notes.
Alors j’aurais tendance à dire, qu’une bonne photo est une photo qu’on ne regarde pas. Ce serait une photo qui transporte celui qui la regarde vers un souvenir, une sensation, un songe…
Comment réalisez-vous vos photos (prise de vue, traitement, etc…) ?
J’ai constamment sur moi au moins un appareil photo ce qui fait que les jours sans prendre de clichés sont vraiment rares.
Je pratique aussi bien le numérique que l’argentique, du demi format à la chambre 5×7.
En numérique je développe mes fichiers sur Lightroom mais ne passe pas plus que quelques secondes sur chaque photo. Je déteste passer trop de temps derrière l’ordinateur, je préfère être dehors et photographier.
En argentique, je développe et tire moi-même.
Qu’est ce qui les inspire ?
J’aime créer des oeuvres contemplatives empreintes de poésie. Des oeuvres qui serviront de supports à l’imagination de ceux qui les contemplent.
Je veux qu’un rapport intime s’établisse entre le spectateur et l’image. En fait lorsque je prends une photographie, je ne tente pas uniquement de figurer ou rapporter ce que je vois du monde mais tente avant tout de ressentir, de chercher ce qui dans le monde extérieur va faire naître chez moi une émotion.
Quels sont les photographes que vous admirez ?
J’ai tendance a avoir des goûts assez classiques, ainsi j’aime beaucoup André Kertesz, Josef Koudelka, ou Raymond Depardon.
J’aime bien le minimalisme de Michael Kenna ou de Hiroshi Sugimoto par exemple, le coté cru et la signature visuelle d’un d’Anders Petersen ou Noboyushi Araki, la typologie presque clinique du couple Becher, les jeux de lumière d’un Ray Metzker ou d’un Lee Friedlander.
Bref, les photographes de talents ne manquent pas et j’en découvre chaque jour de nouveaux.
Quelle photo rêveriez-vous réaliser ?
Étant un éternel insatisfait j’ai peur que pour moi, la photo de mes rêves soit toujours la prochaine.
Quels sont vos projets actuels ?
L’un de mes projets actuels se porte sur l’aspect plastique de la photographie. J’explore diverses techniques et procédés dans le but de revisiter la relation entre l’image et son support.
J’aimerais souligner que le support peut dans certains cas constituer une partie intégrante de l’image.
Quelle série nous présentez-vous lors de cette édition des Confrontations Photo ?
Je présente des clichés issus de ma série « Fragments ».
Ce travail a pour caractéristique notable l’exploitation de mes photographies dites « ratées ».
Dans cette démarche, je vais chercher dans mes clichés préexistants des fragments ne dépassent pas les 1500 pixels de côté, soit une résolution avoisinant les 1,5 mégapixels.
J’apprécie entreprendre cette démarche de révision, voire de recyclage, car elle offre la possibilité de nuancer la perception des photographies en termes de qualité, transcendant ainsi la dichotomie entre une image jugée bonne ou mauvaise.
J’ai aussi délibérément choisi d’imprimer ces photos sur un papier à la texture prononcée, mettant ainsi en relief la matérialité et accentuant la présence de ces clichés souvent flous ou grainés.
Pour terminer, que vous évoque l’expression « confrontations photographiques » ?
Le terme « confrontations » porte en lui une certaine rudesse. Il implique un contact direct.
Avec le public, mais également les autres photographes, et surtout avec soi-même.
J’exposerai la série « Fragments » pour la première fois ; pour la défendre cela nécessite forcement de croire en elle.
On ne va pas à la confrontation sans une certaine détermination.