Aude Léonard
Il y aura décidément beaucoup de magie et de rêve au cours de cette édition. Ici, vous croiserez un étrange allumeur de réverbère, un clown généreux, un arbre lampadaire qui n’attend qu’une nuée de lecteurs, un songe, un secret… Le choix de noir Blanc pourrait sembler déroutant, mais donne à la série « Mirage » un effet vaporeux, agréablement désuet qui nous fait vaciller entre un onirisme apaisant et un monde moins rassurant à la Tim Burton. Puisque dans les rêves tout semble possible, il n’est pas étonnant que la contemplation des œuvres de Aude Léonard déclenche une petite musique, cuivres et cymbales, sans doute accordéon, semblant venir tout doucement du fond de ses images…
© Aude Léonard 2018
Les 10 questions Conf' à Aude Léonard
Qu’aimeriez-vous nous dire pour vous présenter en quelques mots ?
Mon médium est la photographie mais je me définis plutôt comme illustratrice puisque c’est le désir de mettre en images des textes qui est à l’origine de mon travail. J’ai illustré plusieurs albums et recueils de poésie pour la jeunesse.
Quel est votre parcours photographique ?
À la fin de mon cursus d’étude, alors que j’imaginais plutôt devenir dessinatrice, je me suis mise à passer de plus en plus de temps dans le labo-photo d’une petite école d’art des Vosges. J’aimais ce temps arrêté du labo. Je ne suis pas très vieille mais quand même, à cette époque, on utilisait toujours couramment du matériel argentique et j’ai résisté quelques temps encore. Puis j’ai commencé à bricoler des images numériquement, dont je réalisais ensuite des tirages argentiques par contact. J’aimais la confrontation entre l’infinité des possibles que permettait l’outil numérique et le rendu artisanal de la chimie argentique, du tirage unique.
Pour vous qu’est-ce qu’une bonne photo ?
Un peu égoïstement, une photo qui me procure du plaisir, visuel et émotionnel.
Comment naissent vos photos (prises de vue, traitement, impressions) ?
Mes images sont des mises en scène, avec une part plus ou moins importante de photo-montage. Comme le point de départ est généralement le texte, je les conçois comme une illustration, avec des esquisses en amont des prises de vues, puis je finalise la composition sur ordinateur. C’est donc très construit, mais de bric et de broc, à la manière d’un décor de théâtre. À mes débuts, j’avais peu de matériel, peu d’espace, et pas tellement d’expérience ; je déplaçais les meubles, poussais les murs, faisant poser mes proches et me photographiant aussi, jouant tous les rôles. Aujourd’hui je n’ai pas davantage de moyens mais j’assume de travailler ainsi, avec les maladresses que ça implique parfois. Mon compagnon de vie est devenu un modèle heureux ! J’utilise également les photos archivées de mon quotidien, de mes voyages, de mes enfants.
Qu’est ce qui les inspire ?
Les textes qu’on me propose, les murs qui murmurent, Little Nemo et Jacques Tati, l’enfance, et tout ce dont je peux me nourrir, spectacles vivants, cinéma, littérature, peinture.
Quels sont les photographes que vous admirez ?
À mes débuts j’étais fascinée par l’univers surréaliste de Robert et Shana ParkeHarrison, et par Jan Saudek pour ses multiples variations sur la fenêtre de son studio et ses colorisations manuelles. J’ai toujours beaucoup de tendresse pour l’humour de Gilbert Garcin, les moyens artisanaux qu’il utilise. L’œuvre de Sarah Moon m’émeut énormément. Pour ne citer qu’eux…
Quelle photo aimeriez-vous réaliser ?
Difficile de répondre… À la fois une photographie plus brute, mais aussi une photographie réjouissante, qui fasse entrer l’imagination dans le quotidien. Par exemple j’aimerais mettre en scène toute ma petite famille et illustrer des textes classiques de littérature jeunesse, Peter Pan notamment. Un peu comme on monterait un spectacle.
Quels sont vos projets actuels ?
Des albums jeunesse en cours d’écriture.
En ce moment je reviens au noir et blanc, pour mieux sauter dans la couleur ensuite, et m’essayer à la colorisation manuelle sur des tirages argentiques.
Qu’avez vous envie de nous montrer lors de la prochaine édition des Confrontations ?
Une série en noir et blanc intitulée Mirage, inspirée de l’itinérance des artistes de rue, des circassiens, et de l’enfance.
Pour terminer, que vous évoque l’expression « confrontations photographiques » ?
Hasard des rencontres, clin d’œil,
et à titre personnel, me confronter à l’idée que je suis un petit peu photographe malgré tout…