Jean-Marie Périer
© Frédéric Maligne 2020
Jean-Marie Périer a photographié les vedettes des années yéyé dans des scénographies incroyables pour Salut les copains. Il a fixé sur la pellicule « quelques garçons et filles de son âge qui venaient d’apparaître dans le la chanson » : Johnny, Sylvie Vartan, France Gall, Claude François, Michel Berger, Françoise Hardy etc. Tous lui confiaient joyeusement leur image.
© Jean-Marie Périer 2020
Les 10 questions Conf' à Jean-Marie Périer
1Qui êtes-vous Monsieur Périer ?
Un dilettante qui changé de vie, de métier, de pays, de compagne tous les dix ans. Ce n’était pas prévu, ça s’est fait grâce aux rencontres et à des passions pour des gens. J’ai fait assez sérieusement des choses dont je savais qu’elles n’étaient pas sérieuses.
2Rares sont les photographes reconnus pour avoir documenté comme vous le monde du spectacle, de la chanson, de la mode… Comment expliquerez-vous ce succès ? A-t-il toujours été au rendez-vous ?
La chance c’est les gens que l’on rencontre, moi sans Daniel Filipacchi je n’existerais pas en tant que photographe. Il m’a donné toutes les libertés sans jamais rien me dire, aucune limite. La chance ça fait partie du talent, c’est très injuste au fond…
3Vous avez réalisé de nombreuses photographies très scénarisées. Comment naissent (naissaient) ces projets ?
Je les connaissais tous très bien et ils me faisaient confiance. J’essayais donc de faire du spectacle à partir de ce que je connaissais d’eux. Ces photos étaient destinées à orner les murs des adolescents, donc il fallait les distraire, les faire rêver, finalement c’était un peu de la décoration.
4S’il fallait en choisir quelques-unes, quelles seraient les plus belles rencontres de votre vie de photographe ? Pourquoi ?
Oh la ! Françoise, Dutronc, Sylvie, Johnny, Mick Jagger… Impossible de choisir il y en a trop, et je ne parle pas de Miles Davis dans les années 50 ou Yves Saint-Laurent à la fin du siècle.
5Quelle photo auriez-vous rêvé de réaliser ?
Elvis Presley, Frank Sinatra et Edgar Morin.
6Votre métier de photographe serait-il différent aujourd’hui ?
Le métier de photographe tel que je l’ai connu n’existe plus. Les journaux n’ont plus d’argent et tout est devenu sérieux. Les artistes qu’on photographie sont entourés de conseilleurs, ils sont terrorisés par leur image, aucun photographe ne pourrait bénéficier de la liberté de moyens et d’imagination qui fut la mienne. La fête est finie. Mais toute nouvelle technologie invente de nouveaux artistes. Ça continuera. Que les jeunes gens comprennent l’argentique, très bien, mais qu’ils ne tombent pas dans les théories du genre : Le numérique n’est pas de la photo. C’est le même raisonnement que tenaient les « professionnels » du cinéma muet à l’arrivée du parlant.
7Quelles photographies vous font aujourd’hui chavirer ?
Jacques Henri Lartigue parce qu’il a eu le courage de ne photographier que le bonheur. Il est beaucoup plus facile de faire un grand succès avec une petite indienne qui pleure qu’avec l’image d’un simple sourire.
8Le festival consacre la plus grande part du premier jour aux enfants des écoles et collèges. Comment présenteriez-vous votre vie de photographe aux enfants qui découvriront votre travail ?
Je leur dirais qu’à part mettre un enfant au monde, être malade ou mourir, rien n’est vraiment sérieux. Je leur conseillerais de poursuivre leur idée, leur projet, leur rêve sans écouter personne, ni les adultes ni les vieux. Ils sont l’avenir, donc même s’ils se trompent, ils ont raison, et surtout qu’ils n’hésitent pas à changer de vie, puisqu’on en n’a qu’une, autant en vivre plusieurs.
9Vous êtes photographe, écrivain, réalisateur. Quels sont vos projets actuels, « loin de Paris » ?
Pour l’instant j’écris avec plaisir un texte quotidien sur Instagram accompagné d’une photo et j’écris un roman pour voir si j’en suis capable. « Loin de Paris » est une maison d’édition à laquelle je participe pour faire éditer des gens que je connais ou que j’ai connus dans ma vie. Mes associés ont voulu commencer par sortir un livre de photos de moi mais ce n’est pas le but. Je vais transformer mon spectacle sur scène en conférence afin de pouvoir improviser et faire participer les gens.
10Pour terminer, qu’évoque pour vous l’idée de « Confrontations » dans le monde de l’Art ?
Confronter des idées avec des gens m’a toujours semblé une bonne idée. Quant au « monde de l’Art », je n’y crois pas, je me méfie des confréries, des chapelles, des « milieux ». Ça mène toujours à des jugements, des critiques, une intelligentsia dont je me méfie par avance.