Antonio Gaudencio
Série « Le passage » © Antonio Gaudencio 2024
Les 10 questions Conf' à Antonio Gaudencio
Qu’aimeriez-vous nous dire pour vous présenter en quelques mots ?
Je suis devenu photographe non par vocation mais par mon parcours de vie.
Au départ, j’ai commencé à réaliser des prises de vues pour des raisons pratiques. À l’âge de 16 ans, intégrant un cursus Beaux-Arts, huiles sur toiles, dans ma recherche de développement artistique personnel et ma réflexion sur l’art, il me fallait comprendre la lumière. Comment elle révèle les volumes, comment elle se diffuse, se transforme, se réfléchit sur les matières et les couleurs.
La photographie m’a permis de me positionner comme observateur de la lumière, de l’intégrer dans ma réflexion d’artiste peintre pour améliorer considérablement ma démarche artistique.
Je pense que cette formation de peintre sur toile a enrichi, imprégné ma vision et ma sensibilité photographique.
Quel est votre parcours
photographique ?
Après être passé par les Beaux-Arts (1987-1989), lauréat du concours d’entrée, j’ai été admis à l’école des Gobelins – École de l’image à Paris.
Cette école m’a permis de recevoir une formation sur les différentes techniques de prises de vue et de développement argentiques.
En 1990, fraîchement diplômé, j’ai intégré le monde des arts graphiques. J’ai ainsi construit une carrière riche en projets collaboratifs, en tant que consultant et spécialiste de la photographie numérique pour le monde de la communication visuelle, dans des agences publicitaires parisiennes et des studios photos.
Mais début 2014, une envie de respirer, et d’allier la concrétisation de mes projets personnels avec ma passion pour la photographie de voyage, m’a amené à devenir photographe indépendant.
Pour vous qu’est-ce qu’une bonne
photo ?
Pour moi, il n’y a pas de bonne ou de mauvaise photo.
Il n’y a pas de règles, et heureusement, qui définissent une bonne ou une mauvaise photo. Nos cultures, nos parcours de vie, le milieu où nous avons grandi, forgent nos sensibilités. Nous sommes tous différents, c’est là notre richesse.
Donc pour moi, toutes les photos sont bonnes car toutes les sensibilités et les émotions nous entourent.
Comment réalisez-vous vos photos (prise de vue, traitement, etc…) ?
J’aime la douceur des lumières crépusculaires, de préférence sous des ciels chargés. Je suis capable de passer trois jours de suite sur un seul site pour m’en imprégner, avec patience, voire de m’agacer, puis d’accepter la déception… et revenir !
Même si, du fait de mon parcours professionnel, je suis un expert en retouche photographique, je donne énormément d’importance au travail du terrain, à la qualité de mes prises de vues, à la réflexion pour limiter mon travail de développement qui consiste à forcer les traits de caractère de mes clichés.
Qu’est ce qui les inspire ?
En photographie de paysage, elle est incontrôlable, furtive, capricieuse. Le photographe ne la maîtrise pas, elle décide. Patient, il contemple et devient alors observateur, admirateur même, dans l’attente qu’elle s’offre ou non à son objectif.
Pour moi toute la richesse, l’essence même de mon activité de photographe paysagiste, est là.
Ce sentiment d’incertitude, l’espoir de réussir à capter l’instant précis où elle viendra, peut-être, révéler toute la beauté naturelle d’un paysage.
Quels sont les photographes que vous admirez ?
Tous les photographes me touchent, de l’anonyme aux plus connus.
Mais je suis aussi très inspiré par l’univers de certains peintres comme Pierre Soulages, le clair-obscur de Caravage, la peinture aux gris colorés de Bernard Buffet ( Deux homme nus ), Anky Bilal pour son univers Mécanhumanimal.
Mais aussi les univers cinématographiques de Ridley Scott (Blade Runner, Alien ) ou l’univers de Tolkien.
Quelle photo rêveriez-vous réaliser ?
La prochaine et les suivantes, le plus longtemps possible !
Je ne cherche pas, je me laisse guider. J’aime être surpris et c’est un bonheur de découvrir les trésors que nous offre le monde.
Quels sont vos projets actuels ?
La série, que je vous présente aujourd’hui, se positionne tout naturellement, après la série, déjà présenté au public, « Toujours là ».
Comme un parcours, un passage, une passerelle vers une autre dimension, un autre monde, que l’on soit croyant ou pas, qu’on ait envie de croire ou pas, j’aime l’idée rassurante qu’il existe une dimension parallèle, d’un monde spirituel ou d’une réalité alternative.
Cette série est une invitation à voyager au-delà des limites de la perception ordinaire.
Quelle série nous présentez-vous lors de cette édition des Confrontations Photo ?
« L’Homme » est une série d’autoportraits que j’ai réalisé en deux ans.
C’est un personnage qui voyage au grès des paysages, il transporte le temps et nous transporte une réflexion sur nos intentions sur notre propre chemin.
Pour terminer, que vous évoque l’expression « confrontations photographiques » ?
Accepter de confronter son travail, ses émotions photographiques à d’autres photographes, d’autres passionnés, d’autres sensibilités.
Pas dans le sens d’opposition mais, au contraire, dans une idée d’enrichissement mutuel et de partage avec l’autre.