Mareva Druilhe
Série « Bestiaire Ancestral de lignée ordinaire » © Mareva Druilhe 2024
Les 10 questions Conf' à Mareva Druilhe
Qu’aimeriez-vous nous dire pour vous présenter en quelques mots ?
Photographe et psychologue, je suis assez fascinée par tout ce qui touche aux histoires de vie et de famille, au souvenir ou à l’imaginaire.
Quel est votre parcours photographique ?
J’ai découvert la photographie à 16 ans en autodidacte, puis j’ai déambulé au grès d’errances photographiques.
Je suis passée par l’urbex, qui m’a permis l’exploration de lieux passés, dans lesquels on plonge avec tout notre imaginaire.
Et j’ai toujours travaillé sur l’autoportrait, car je m’interroge beaucoup sur le corps et l’identité, sur mon histoire familiale, et sur un concept que j’aime bien, qui est l’inquiétante étrangeté.
Mon parcours photographique suit ce qui m’interroge : la famille, l’identité, le souvenir, les histoires qu’on se raconte.
J’ai commencé à montrer mon travail photographique en 2019 au Festival Européen de la photographie de Nu, puis en tant que finaliste du Prix Voltaire de la Photographie en 2020.
Pour vous qu’est-ce qu’une bonne photo ?
C’est une photo qui va susciter une émotion ou une réflexion, et sur laquelle je vais avoir besoin de revenir régulièrement.
Quelque chose qui m’appelle, qui me scotche, qui me reste en tête. C’est loin de la seule technicité.
Comment réalisez-vous vos photos (prise de vue, traitement, etc…) ?
C’est très dépendant des projets. Il y a quelques temps j’aurais répondu que j’ai une préférence pour la lumière naturelle et pour le peu de traitement de retouche.
Mais depuis cette année, je travaille sur un projet de nu en studio, et je viens de faire une série via l’intelligence artificielle générative.
Je suis heureuse de voir que je peux faire évoluer ma pratique au grès de mes aspirations photographiques. Pour moi, l’outil n’est là que pour servir le propos et donc les techniques vont dépendre de ce que j’ai envie d’aborder.
Mais l’important dans ma pratique, ça reste le fait d’y prendre du plaisir et d’avoir l’impression de jouer. J’ai 34 ans, et je compte bien continuer à m’amuser dans mes créations.
Qu’est ce qui les inspire ?
Mon histoire, l’histoire des personnes que je rencontre dans mon travail ou dans ma vie personnelle, les évolutions de la société, des questionnements du moment.
Quels sont les photographes que vous admirez ?
Francesca Woodman et Arno Rafael Minkinnen, pour leurs autoportraits.
Duane Michals, pour ses histoires photographiques.
Je trouve qu’il y a un savant mélange de jeu et d’émotion dans leurs travaux photographiques. Ça me parle.
Quelle photo rêveriez-vous réaliser ?
Aucune, je tiens tellement à la surprise qu’apporte le processus créatif, que ça n’est pas mon style de me projeter dans des photographies à l’avance.
Ce que j’aime c’est être surprise par ce qui vient d’être créé !
Quels sont vos projets actuels ?
Je travaille sur une série de photographies de nu de Dragqueens, qui fait évoluer ma pratique de la photographie de nu.
Jusqu’à présent j’avais toujours photographié du nu artistique avec une dimension introspective, mais là je fais se rencontrer mon univers introspectif et l’art plutôt exubérant du drag.
J’ai aussi envie de continuer à explorer le monde de l’intelligence artificielle générative, mais je ne sais pas encore où est-ce que ça me mènera.
Quelle série nous présentez-vous lors de cette édition des Confrontations Photo ?
Une série atypique dans mon parcours photographique ! Elle s’appelle « Bestiaire Ancestral de lignée ordinaire » et elle a vu le jour alors que j’avais le bras cassé et que j’étais physiquement incapable de faire de la photo.
J’ai alors découvert l’intelligence artificielle générative et j’ai créé cette série de photographies de famille entre 1900 et 1950, qui m’a permis de mettre en images un projet surréaliste autour d’un album de photographies de famille.
Depuis petite, j’adore écouter les histoires de famille, et imaginer qui étaient ces ancêtres. Dans cette série, je souhaitais mettre en avant la richesse des récits familiaux, qu’ils soient réels ou imaginaires, et stimuler la réflexion sur les métaphores que l’on utilise pour décrire et comprendre les humains qui peuplent nos vies.
Je l’ai pensé comme un mélange entre du jeu, de l’inquiétante étrangeté, et un propos social basé sur les histoires de vie que j’entends au quotidien dans mon travail.
Et sur ma propre famille. Ce serait fou de penser que rien n’est inspiré de mon histoire familiale !
Pour terminer, que vous évoque l’expression « confrontations photographiques » ?
Bonjour ChatGPT, pourrais-tu m’écrire une scène de Western dans un saloon avec comme personnage principal une photographie ?
« Les portes du saloon grincèrent, laissant pénétrer une photographie encadrée, portée par une main tremblante. Les regards se levèrent, la musique s’estompa, et un silence pesant enveloppa le bar enfumé.
Elle se fraya un chemin jusqu’au bar, tenue par une poigne délicate mais déterminée. Les habitués jetèrent des regards incrédules, certains fixant l’image avec méfiance, d’autres la scrutant, comme s’ils attendaient qu’elle révèle des secrets enfouis.»