Hervé Schmelzle
Série « De neige et de Deuche » © Hervé Schmelzle 2024
Les 10 questions Conf' à Hervé Schmelzle
Qu’aimeriez-vous nous dire pour vous présenter en quelques mots ?
Un peu de poésie… pour me présenter. J’habite sur les rives du lac Léman et je m’attache à regarder les choses. Pas les grandes, évidentes, mais celles à coté desquelles, chacun passe et s’enfuie. Ces petits éléments de la vie qui en font un peu plus que de l’ordinaire.
Je fuie les rives du lac Léman en période estivale et je me délecte de ces ambiances glacées pendant l’hiver. Seul, dans la nuit, juste le bruit de la houle délicate, un bruissement d’ailes insoupçonné et les lumières lointaines de la civilisation.
Quel est votre parcours photographique ?
J’accompagne mes pas, toujours, de mon appareil photo, et je cueille. D’abord en argentique, puis maintenant en numérique.
Chaque série que j’écris, est une histoire à part entière avec sa graphie qui lui est propre : ce sera souvent beaucoup de grain, en noir et blanc et en couleurs, m’attachant à rendre ce côté organique dans les tirages sur un beau papier qui reflète sa poésie.
Plusieurs années sont nécessaires pour aller au bout d’une histoire, mais est-elle un jour finie ?
J’ai réalisé plus d’une vingtaine d’expositions, individuelles ou collectives, de multiples parutions presses, des tirages géants en entreprise…Ces séries sont visibles sur mon profil Facebook, mais c’est bien « en vrai » , en ayant le beau tirage devant soi , que toute la poésie de mes images prend forme.
Pour vous qu’est-ce qu’une bonne photo ?
C’est une question que je ne me pose jamais. Je cherche d’abord à trouver du plaisir lorsque je prends mon appareil photo et que je compose dans le cadre qui m’est offert. Au quotidien, une bonne photo c’est d’abord la notion de plaisir.
Après cela, c’est un autre chemin pour essayer de retranscrire une émotion que j’avais pu ressentir, et souvent en créer une nouvelle.
Une bonne photo est sans doute celle qui inconsciemment marque la rétine de mon regard sur le monde et vers laquelle je pense, je suis ému, qui est là en moi.
Comment réalisez-vous vos photos (prise de vue, traitement, etc…) ?
La photo est pour moi une respiration quotidienne.
Je ne peux imaginer ma vie sans avoir mon appareil photo en permanence avec moi. Je suis convaincu que ce n’est pas le matériel, qui va faire une image mais bien mon implication personnelle dans le monde qui m’entoure.
Techniquement je ne suis pas un expert dans tout ce qui est traitement ou manipulation sur Photoshop, donc mon process est très simple : Lightroom pour la plus grande partie puis pour créer un monde organique autour de mes images ce sera la suite DXO .
La dernière étape étant un beau tirage sur un beau papier.
Qu’est ce qui les inspire ?
Je suis un homme rempli de poésie. Je suis extrêmement sensible à la musique, aux poèmes, aux peintures et aux images qui m’échappent.
Je suis avant tout un ignorant qui a soif d’apprendre et d’être émerveillé.
Mon environnement immédiat m’offre un accès à la beauté qui est unique. Je suis un privilégié.
Quels sont les photographes que vous admirez ?
Il y a tellement de photographes que j’admire. il est vraiment difficile de répondre à cette question sans tomber dans des poncifs.
Néanmoins dans mon parcours artistique certaines découvertes ont été fondamentales : je pense notamment à Willy Ronnis et Michael Kenna pour le noir et blanc. En couleurs, j’ai une admiration sans bornes pour Ernst Haas et les images de nature de Dennis Stock.
Mais fondamentalement, deux artistes ont changé mon regard sur le monde : Andy Goldsworthy et Denis Brihat. Ils m’ont permis de dire que ce que je crée, ce que je vois, ce qui m’entoure est simplement beau, et qu’il n’est pas nécessaire d’essayer d’y trouver un message.
En dernier lieu, le parcours de Franck Horvat est pour moi exemplaire. Tout au long de sa vie il a su se renouveler sans renier ce qu’il avait fait avant : du grand art !
Quelle photo rêveriez-vous réaliser ?
On peut mettre cette question au pluriel : tout d’abord c’est la photo qui va moi-même m’étonner et que je vais réaliser tout à l’heure.
Puis dans mes rêves les plus fous, je voudrais réaliser toute une série d’images avec des Moais lors des nuits de pleine lune sur l’île de Pâques.
Quels sont vos projets actuels ?
J’ai plusieurs séries en cours. La plupart du temps elles prennent plusieurs années à se construire avant que je ressente la série aboutie.
Notamment j’ai commencé une série, depuis 15 ans, sur les éoliennes aux 4 coins de l’Europe, je réalise des images hivernales sur le plateau ardéchois, et la dernière la plus ambitieuse, avoir une photo différente pour chaque jour de l’année représentant la dent d’Oche, la montagne dominant le chablais dans les Alpes du Nord.
Cette série est inspirée des 36 du mont Fuji par Hokusai.
Quelle série nous présentez-vous lors de cette édition des Confrontations Photo ?
D’aussi loin que je m’en souvienne, j’ai toujours vécu avec la musique de ma 2Cv dans mes oreilles.
Je doute fortement être né dans une deuche. Mais par contre, ce que je sais, c’est qu’elle a toujours bercé ma vie depuis ma plus tendre enfance. D
epuis des années, je me suis pris un plaisir, sans cesse renouvelé, à parcourir mes montagnes, avec la deuche de ma maman. Je démarre le moteur, je déblaie la neige, je gratte les vitres, puis c’est parti ! Dans cette mélopée, je peux enfin courir après les lumières qui doucement apparaissent sur mon pare-brise.
Cette série de photos se veut un voyage. Du matin au soir. Des premiers frimas de l’automne finissant, jusqu’aux dernières neiges du printemps.
L’ensemble de ces clichés a été pris, entre 2015 et 2022, sur le plateau de Gavot, sur les rives du lac Léman.
Pour terminer, que vous évoque l’expression « confrontations photographiques » ?
C’est avant tout des rencontres : rencontres avec des regards inédits, rencontres avec des visiteurs curieux.
Puis c’est le partage d’une émotion : la vie étant dans chacun, entre autres dans le regard des autres.