« Chambre Six »
On aime la métaphore « entre la pierre et la chair ».
On aime aussi la confronter à d’autres séries qui décrivent la fragilité de nos enveloppes charnelles…
Série « Matricules » © Chambre Six 2024
Les 10 questions Conf' à « Chambre Six »
Qu’aimeriez-vous nous dire pour vous présenter en quelques mots ?
J’essaierai de susciter votre curiosité en vous indiquant simplement que ma photographie s’intéresse à capturer l’instant présent avant qu’il ne se dissolve.
Quel est votre parcours photographique ?
Autodidacte, je pratique la photographie depuis 30 ans.
Mais celle-ci s’est imposée ces dernières années comme thérapie de vie et de communication. Je déplore la dématérialisation des images car une photo ne se dévoile que sur papier (ou autre support) et cherche de plus en plus à participer à des manifestations où règne le partage.
Pour vous qu’est-ce qu’une bonne photo ?
Plusieurs réponses sont possibles et loin d’être contradictoires.
– celle qui suscite une émotion, que ce soit de l’adoption ou du rejet,
– celle qui traverse le temps,
– celle dans laquelle chacun se retrouve mais chacun pour des raisons différentes.
Comment réalisez-vous vos photos (prise de vue, traitement, etc…) ?
Le médium n’est en soit pas important pour moi. Que ce soit du moyen format, du numérique, de l’instantané ou de la digitalisation, seule l’image produite compte.
En l’occurrence, la série présentée a été réalisé en numérique et post-traitement.
Qu’est ce qui les inspire ?
Mon œuvre est axée sur le travail de mémoire, d’introspection.
Plutôt que d’être descriptive, elle cherche à créer une ambiance, à susciter une émotion. La narration est au centre de mon travail que je qualifierais volontiers de photographie d’auteur.
Quels sont les photographes que vous admirez ?
Faire un choix est forcément en oublier mais je vous citerais Sally Mann, Sarah Moon, Bill Brandt, Irving Penn, Dieter Appelt, Simon Larbalestier ou Joel-Peter Witkin qui me passionnent par leur pouvoir narratif, leur onirisme et leur traitement de l’image.
Quelle photo rêveriez-vous réaliser ?
“La prochaine” vous répondront sans doute la majorité des gens. Moi non. Je ne tiens pas à résumer mon travail à une seule photo aussi sensationnelle soit elle.
Ma démarche s’inscrit dans le temps et la durée.
Quels sont vos projets actuels ?
Plusieurs. Trop sans doute. Mais celui qui me tient tout particulièrement à cœur ces mois-ci est la réalisation de livres photo sur les “hauts lieux de mémoire” érigés sur le sol français.
En cette période troublée où l’oubli est la cause de beaucoup de souffrance, ce devoir s’impose.
Quelle série nous présentez-vous lors de cette édition des Confrontations Photo ?
La série présentée s’intitule “Matricules”. Elle pose plusieurs questionnements.
Les critères de beauté, le jeunisme, la dégénérescence, la stigmatisation, les horreurs de l’histoire. Elle tente humblement d’établir une métaphore entre la pierre et la chair.
Pour terminer, que vous évoque l’expression « confrontations photographiques » ?
Se confronter pourrait inspirer une image de rivalité, de combat. Pour moi c’est tout l’inverse.
Se confronter c’est proposer un point de départ de discussion en livrant sa version des choses et se faire interroger l’autre. Et réciproquement bien évidement.
Le faire au sein d’un festival prend tout son sens, pour les artistes mais surtout pour les spectateurs qui repartent enrichis des différentes perspectives possibles sur un thème donné.
La photographie, ce n’est pas capturer le monde qui nous entoure mais apprendre à le regarder.