Sandrine Balade et Joël Cubas
Copyright © 2014 – Sandrine Balade et Joël Cubas
Les 3 questions Conf' à Sandrine Balade et Joël Cubas
1Pourriez-vous nous donner le plus de détails possible sur la genèse de ce portfolio ?
Nous vivions au Burkina Faso et travaillions avec une association qui formait des jeunes aux Arts Plastiques (peinture, sculpture…). En parallèle, nous menions des projets personnels.
C’est à l’approche du Fespaco (Festival Panafricain du Cinéma et de la Télévision de Ouagadougou), que nous est venue l’idée de réaliser cette série.
A travers ce travail, nous souhaitions rendre hommage à ces photographes de studio aujourd’hui disparus, détrônés par l’arrivée de la couleur puis du numérique.
Jusqu’à la fin des années 80, au Burkina Faso et dans toute la sous-région, la pratique du portrait noir et blanc dans un décor fantasmatique ou symbolique rencontrait un grand engouement. On aimait à poser, valise à la main, prêt à embarquer dans un avion sur toile peinte, devant un appartement factice suréquipé, un paysage urbain imaginaire ou une brousse verdoyante en trompe-l’œil. On se représentait dans l’espace exigü du studio sous une posture avantageuse, téléphone à la main ou chevauchant la moto flambant neuve.
Dans cet esprit et d’une manière qui soit à la fois un hommage et un détournement de cette tradition, nous avons réalisé des croquis évoquant différents métiers du cinéma. Nous voulions retrouver d’une autre manière cet univers à la fois plein d’imaginaire et d’humour. Nous avons remplacé les fonds de studio peints en trompe-l’œil par des objets en volume. Nous avons fabriqué ces objets et costumes en utilisant tout ce que nous avions sous la main : matières locales (pigments), produits manufacturés issus du pays, du continent ou d’ailleurs (sachets plastiques, colle…), récupération (cartons, vieux manches à balais, journaux…), puis recherché les personnes qui incarnaient le rôle.
Travailler avec des enfants s’imposa comme une évidence, leur imaginaire se prêtant bien à l’univers des photos.
2 Qu’auriez-vous envie de dire au public des Conf’ pour présenter cette série ?
De commencer par la genèse du projet, qui est toujours intéressante. Puis de parler du contexte de réalisation des photos :
– Que ce sont nos petits voisins du quartier de Ouidi qui, avec beaucoup d’assiduité, de complicité, se prêtèrent au jeu et furent nos comédiens immobiles.
– Qu’un temps nous avons envisagé de les faire participer à la création des décors, mais pendant que nous nous appliquions avec nos fils de fer, nos bouts de bois et nos papiers mâchés à réaliser une caméra, un cigare fumant ou tout autre objet, ils préféraient consacrer toute leur ingéniosité à fabriquer des téléphones portables en carton.
– Que chaque jour nous avions rendez-vous dans notre cour avec nos petits modèles qui ne cessaient de demander « Y’a théâtre aujourd’hui ? »
– D’anecdotes sur certaines photos : le projectionniste dont la machine a dû être refaite plusieurs fois parce que nous travaillions en extérieur pendant la période de l’Harmattan et que ce vent a plusieurs fois soufflé la machine ; le cadreur pour lequel sa maman avait insisté pour qu’il mette sa tenue du dimanche.
– Les retours sur les images produites, comme la mère du producteur, qui, quand elle a vu la photo a dit «Ah mon fils, si tu deviens comme ça, ce sera bien ! ».
3 Qu’auriez-vous envie de dire au public des Conf’ pour vous présenter ?
Joël et moi nous connaissons depuis 10 ans. Chacun a sa pratique de la photographie, et nous nous sommes retrouvés autour de ce projet commun.
Joël a fait les Beaux-Arts, s’est orienté vers la peinture, puis vers la photo, de reportage dans un premier temps (publications magazines diverses), puis de studio, réalisant de nombreux travaux, dont la technique de la série présentée est issue.
Sandrine a fait des études de communication-information puis s’est ré-orientée vers la photo, activité qu’elle exerçait en amateur depuis longtemps. Photographies de reportage, de studio et de commande (mariages, portraits…)