Alexis Gaillac
© Alexis GAILLAC http://www.alexisgaillac.fr/
Une autre possibilité existe cependant : trouver des variantes et c’est exactement ce que fait Alexis Gaillac. Aux cotés des Tairraz, légende de la photographie d’altitude en noir et blanc, Alexis suit son chemin, tout en similitude et en différences avec – on le perçoit dans ses images – beaucoup d’admiration et de sollicitude pour ses illustres prédécesseurs.
Montagne et noir et blanc les rapprochent irrémédiablement, le format les éloigne définitivement. Là où les Tairraz excellaient en formats 24×36 et homothétiques, Alexis maîtrise à merveille le format carré.
Adepte de l’altitude, Alexis use aussi ses semelles et ses objectifs sur les sentiers de Grande Randonnée, comme pour nous dire que le chemin est accessible à tous.
Rassembler autour d’une rétrospective Tairraz, le travail d’Alexis Gaillac et les images en couleur des Favre – Bonvin donne tout son sens au terme Confrontations.
Les 10 questions « CONF’ » à Alexis Gaillac
Qu’aimeriez-vous nous dire pour vous présenter en quelques mots ?
Pour me présenter, je me définis volontiers comme un « photographe argentique d’altitude ». Photographe, car mon moyen d’expression artistique est la photographie, c’est à dire « l’écriture avec la lumière ». Argentique, car ce sont les sels d’argent qui forment la matière de mes images et guident ma démarche. Altitude, car elle est mon terrain de jeu et le fil conducteur de mes photographies.
Quel est votre parcours photographique ?
Mes première photographies ont été mes souvenirs de vacances à Saint Gervais: Le village de Miage, la Mer de Glace, les Lacs Jovet, le reguge de Tré la Tête. Plus que des photographies, elles étaient des trophées pour le jeune randonneur que j’étais.
Quelques années plus tard, j’ai eu la chance de me rapprocher des Alpes et de m’installer au pied des sommets. En parallèle, j’ai découvert la photographie argentique noir et blanc. Mes 2 passions, la montagne et la photographie, se sont alors logiquement mêlées, le noir et blanc traduisant bien mon approche contemplative de la montagne, et l’argentique me permettant de garder le contact avec mes images dans l’ambiance feutrée du labo, de la prise de vue au tirage final.
Pour vous qu’est-ce qu’une bonne photo ?
Je ne pense pas qu’il y ait une définition universelle d’une bonne photo. Le cadrage, la lumière, et toutes les qualités techniques d’un tirage sont nécessaires, mais pour se faire oublier et laisser place aux émotions du spectateur. Pour moi, une bonne photo reste gravée dans la mémoire, comme une émotion positive ayant procuré du bien être. Ceci correspond à mon approche contemplative de la photographie de paysage, mais la définition serait certainement différente, par exemple, pour une photo de reportage …
Comment naissent vos photos (prise de vue, traitement, impression) ?
Je réalise mes prises de vue sur pellicule noir et blanc, en moyen ou grand format. En plus de la qualité technique offerte par ces formats de négatifs, les contraintes de l’argentique (quantité limitée de photos, lenteur de la prise de vue et du traitement au labo, …) m’ont permis d’affuter mon regard puis, en maîtrisant les subtilités des sels d’argent de la prise de vue à l’agrandisseur, de donner une âme à mes tirages.
Qu’est-ce qui les inspire ?
Mes photos naissent tout d’abord d’une émotion, au détour d’un chemin ou au passage d’un col. Sans réellement les chercher, mais en restant attentif, les images viennent à moi lors de mes randonnées en montagne. Le déclencheur peut être un jeu de lumières, l’aura d’un sommet, l’ampleur d’un paysage ou l’éclat d’un glacier.
Quels sont les photographes que vous admirez ?
Ansel Adams, le maître américain de la photographie de paysage en noir et blanc. Ses photos du parc du Yosemite font figure de référence à mes yeux. Sa mise en avant de la « photographie pure », par l’intermédiaire du groupe f/64 qu’il a créé avec Edward Weston, a contribué à élever la photographie de paysage au rang d’art.
La Famille Tairraz, qui, depuis les débuts de la photographie au 19ème siècle, a largement participé à l’aura des Alpes, et en particulier du massif du Mont Blanc, à travers leurs images d’altitude longtemps réservées aux alpinistes.
Enfin, Gustave Le Gray, un des pionniers de la photographie, qui est à l’origine de la technique du négatif papier ciré sec, ayant permis aux photographes voyageurs du 19ème siècle de partager leurs aventures en images sans avoir à porter sur eux leur laboratoire. Il a également été un des premiers photographes à savoir mettre sa maîtrise technique des sels d’argent au service de ses images.
Quelle photo aimeriez-vous réaliser ?
Je ne l’ai pas en tête, elle me sautera aux yeux, et je ne sais ni où, ni quand. J’espère que j’aurai mon Rolleiflex en bandoulière ou ma chambre sur le dos lorsque cela arrivera !
Quels sont vos projets actuels ?
Continuer à glaner des photographies à l’occasion de mes virées en altitude, et à les faire naître sur papier baryté, dans l’intimité de mon labo. Avec mes acolytes du collectif Art’gentik73, je m’intéresse également à l’histoire de la photographie, en expérimentant les procédés anciens de prise de vue et de tirage. Plus qu’un hommage aux pionniers de la photographie, aux antipodes de la photographie numérique actuelle, mon but est de retrouver le rendu si particulier de certains procédés, tel que le négatif papier ciré sec de Gustave Le Gray que j’utilise actuellement.
Qu’avez-vous envie de nous montrer lors de la prochaine édition des Confrontations ?
Mes coups de cœur de ces dernières années, quelques paysages d’altitude des Alpes, des Pyrénées et du Népal, où j’ai eu la chance d’user mes semelles.
Pour terminer, que vous évoque l’expression « confrontations photographiques » ?
Cela m’évoque la rencontre d’approches différentes de la photographie, et la belle diversité que cela sous-entend. Ce qui présage d’intéressants débats entre le public et les exposants.