Serge Pulfer
Serge Pulfer – Le thème de ses photos en noir et blanc est celui de l’absence ; l’absence traitée ici comme une présence évanouie dont il ne reste qu’une trace perceptible, éphémère et prête à disparaître : une tasse à café, un cendrier encore plein mais aussi un chien déprimé, un camion dans la nuit, une Traban rouillée dans des ronces, une barrière signalant une frontière oubliée. Ces photos nous rappellent combien la présence humaine, aussi envahissante qu’elle soit est fragile et dérisoire.
L’absence traitée avec rigueur va se loger dans la technique même de Serge Pulfer: ces images dans le plus pur style de la «fine art photography» des années 70 ont été réalisées avec un Leica argentique et les tirages réalisés sur un papier de l’ex Allemagne de l’Est. Ici pas de nostalgie passéiste mais un choix méticuleux des sujets et de leurs cadrages.
Les 10 questions « Conf’ » à Serge PULFER
Qu’aimeriez-vous nous dire pour vous présenter en quelques mots ?
Je me sens comme un preneur d’image qui a envie de raconter une histoire à l’Autre…
Quel est votre parcours photographique ?
Autodidacte. Création du labo argentique regard sur les mondes en 2002.
Expérimentation du travail de labo, recherche et essai de papiers et divers produits.
Le choix de l’argentique + papier est venu car il y a un rapport physique à la naissance d’une image et une grande part de mystère du fait que l’on ne voit pas l’image tout de suite après la prise de vue (ce qui permet une distance) et que lors de l’agrandissement, de la même manière on ne voit pas le résultat avant le travail des mains dans les bains…
Pour vous qu’est-ce qu’une bonne photo ?
Une image qui me raconte une histoire et dans la quelle je peux me projeter, qui me laisse de la place pour rêver.
Comment naissent vos photos (prise de vue, traitement, impression) ?
Choix de thèmes puis collection d’images puis un jour un thème est sur le point d’éclore et je passe à l’agrandissement des images.
Qu’est-ce qui les inspire ?
Une idée du monde, politique et poétique. Le choix des thèmes se fait aussi en fonction de mon vécu, de mes expériences. Lors de mes voyages, il arrive que des thèmes naissent spontanément ; quelques-uns survivent d’autres non…
Quels sont les photographes que vous admirez ?
Izis, Christian Lutz, Nicolas Bouvier, Shoji Ueda.
Quelle photo aimeriez-vous réaliser ?
Je ne réalise pas des photos…je préfère raconter des histoires. La photographie est le moyen que j’ai choisi pour cela. Le but n’est pas l’image mais la série qui va permettre au spectateur de se mettre en rapport avec ce qu’il regarde, d’y pénétrer et de laisser sa mémoire ou son imagination s’emparer du sujet. A ce moment, les raisons personnelles pour les quelles j’ai choisi l’image disparaissent.
Quels sont vos projets actuels ?
Les deux thèmes qui sont les plus avancés : « Working Class Hero » et « The Night Time is the Right Time »
Qu’avez-vous envie de nous montrer lors de la prochaine édition des Confrontations ?
Une partie de du thème de l’absence montrée à la pinacothèque, choix différents de photos et scénographie modifiée.
Pour terminer, que vous évoque l’expression « confrontations photographiques » ?
Même si dans le terme « confrontation » il y a une idée de lutte…je pense que la réunion de style, de méthode, d’âge et de but différents permet une ouverture vers l’autre et un élargissement du concept de la photographie.