Wilfried Thomas

« A chaque édition des Confrontations Photo son procédé photographique ancien ! »

Cette année, c’est Wilfried Thomas qui nous fera découvrir l’art et la technique du Collodion Humide*. Dans un espace double au sein de la halle Perdtemps, seront aménagés, tout d’abord une exposition de ses très beaux tirages uniques, ainsi qu’un atelier photographique à l’ancienne. Comme au XIXème siècle, Wilfried nous offrira des démonstrations de cette chimie séculaire au charme si particulier.
Pourquoi nous sommes nous intéressés à ce photographe aussi discret que talentueux ? Tout d’abord pour la beauté et la douceur de son traitement, ensuite pour ses portraits parfois extrêmement modernes, saisis comme s’ils avaient voyagé dans le temps. Que fait ce plongeur sous-marin, téléporté dans un salon photographique qui pourrait être sur le même palier que l’atelier de Gustave Caillebotte ? Et puis, il y a les yeux limpides de son modèle… Nous sommes littéralement tombés sous le charme de ce regard qui semble lui aussi nous sourire depuis le XIXème siècle, magnifié cependant par une lumière tout à fait contemporaine, superbement orchestrée. Merci Hermine…

*Le collodion humide est un procédé photographique attribué au français Gustave le Gray et au britannique Frederic Scott Archer, utilisé à partir des années 1850. Il consiste en une sirupeuse émulsion de nitrate de cellulose, d’alcool d’éther et de sel de potassium ou de cadmium déposée sur une plaque de verre. Celle-ci est ensuite plongée dans un bain de nitrate d’argent avant de servir de surface sensible dans une chambre photographique. Cette technique nécessite un développement contraignant et très rapide mais permet de réaliser des images aux détails extrêmement fins et aux grandes nuances dans les dégradés.

Hermine
Katell

Copyright © 2016 Wilfried Thomas

JM

Les 10 questions Conf' à Wilfried Thomas

1 Qu’aimeriez-vous nous dire pour vous présenter en quelques mots ?

43 ans, 2 enfants, je suis actuellement plongeur sous-marin et photographe en Bretagne.

2

Quel est votre parcours photographique ?

Début de la photographie vers mes 18 ans. Mes premiers déclenchements se sont fait dans le vide, après que le compteur de vues ait dépassé les 36 poses je me suis aperçu de ne pas avoir de pellicule dans le boitier. Puis début du noir et blanc en club photo, service militaire dans la photographie pendant deux ans, divers boulots dans la photo, des mariages, des posters, des portraits… puis actuellement plongeur sous-marin et photographe (en alliant aussi la vidéo) pour l’université Pierre et Marie Curie à Roscoff dans le Finistère.

3Pour vous qu’est-ce qu’une bonne photo ?

Lors d’un entretien d’embauche comme photographe-filmeur, on m’a posé cette question. J’avais répondu qu’une bonne photo devait respecter les règles élémentaires de technique et ceci ajouté à une valeur émotionnelle : on m’avait répondu qu’une bonne photo est une photo nette ! Mais même floue, une photo peut être bonne non ?

4

Comment naissent vos photos (prises de vue, traitement, impressions) ?

Mes photos naissent dans ma grange où j’essaie d’y faire un « studio ». Je découpe mon verre, je lave les plaques, prépare mes solutions, puis je sensibilise chacune avant de les exposer à la lumière.

5

Qu’est ce qui les inspire ?

Des fois, sans doute, des souvenirs, un mélange de ce que j’ai pu voir et ressentir, des fois par des réactions émotionnelles, la musique, les films, des personnes croisées, et parfois sans savoir pourquoi cela me tombe dessus…

6

Quels sont les photographes que vous admirez ?

Joêl Peter-Witkin et Jan Saudek pour leur univers, Jean-Loup Sieff et la nostalgie de certaines de ces photos, Koudelka, ses images sont de vrais tableaux, des photographes comme Patrick Chauvel pour le photo-journalisme et son humanisme, beaucoup de photographes plus ou moins connus et souvent des photographes de l’est…

7

Quelle(s) photo(s) aimeriez-vous réaliser ?

La suivante, puis la suivante…

8

Quels sont vos projets actuels ?

Continuer à figer des visages, imaginer des expressions, repérer des gens, des gueules, puis sans doute sortir de ma grange pour réaliser des plaques à l’extérieur un jour.

9

Qu’avez vous envie de nous montrer lors de la prochaine édition des Confrontations ?

La beauté et la finesse du procédé au collodion humide, et un peu de mon univers.

10

Pour terminer, que vous évoque l’expression « confrontations photographiques » ?

Une interaction entre les images et ceux qui les regardent…